Une virée à Plovdiv
Petite virée samedi dernier, en compagnie de mon nouveau groupe académique à Plovdiv, ville historique, ville culturelle, centre touristique ou, si l’on préfère, deuxième ville de la Bulgarie. La cité européenne, qui se veut être l’une des plus anciennes – si ce n’est d’ailleurs la plus ancienne -, a été empreinte autrefois d’histoires et civilisations plurielles, aujourd’hui emblèmes de richesse ou de valeur dans cette partie du monde.
A à peine 2 heures de bus de Sofia, Plovdiv est peuplé d’environ 380 000 âmes en 2011. Notre arrivée est plutôt saluée de manière subtile avec ce jeune autochtone qui réussit à chiper le téléphone portable de notre chauffeur. Deux d’entre nous se joignent à celui-ci pour suivre le délinquant mais il se fond dans la nature avant que l’on ne puisse lui mettre la main dessus. Petite séance photos à notre point de chute avant de revivre ou du moins se représenter les faits, les scènes vécus avec leur quasi-décor d’antan. Nous sommes accompagnés par deux responsables de l’école qui nous relatent, pour chaque monument repéré, une histoire captivante.
Dans cette région pittoresque, l’on distingue deux grands ensembles: l’ancienne ville et la nouvelle ville. Nous découvrons la vieille ville d’un regard à la fois interrogateur et fasciné. Premier coup d’éclat : démonstration fulgurante du procédé de production d’un pot en céramique par une artisane plutôt douée. Au fur et à mesure que nous en pénétrons les entrailles, un détail nous frappe : le sol est entièrement recouvert de pierres et roches grisâtres assemblées sous forme de pavage. La plupart des constructions datent de l’époque ottomane, sinon d’avant. La ville s’édifie aussi en architectures symétriques, style qui caractérisa l’éveil national des Bulgares.
L’une des résidences, bâtie en 1847, est aujourd’hui répertoriée comme un musée ethnographique national. Nous avons la chance de visiter ce qui fut à l’époque la demeure d’un puissant homme d’affaires bulgare. D’après la guide, ce dernier aurait entretenu d’étroites relations avec différents commerçants (turcs, grecs, roumains, etc.) qui venaient faire affaire à Plovdiv. Il aurait tout mis en œuvre pour donner à ce lieu spécial où il accueillait ses hôtes businessmen un luxe démesuré. En parcourant l’intérieur de la maison-musée, on reconnait aux pièces leur constante symétrie. Des objets, vêtements, tableaux datant y sont exposés. La maison est quasiment faite en noyer. Le plancher et bon nombre de murs sont revêtus de tapisserie. L’accès à l’étage est assuré par un double escalier disposé symétriquement par rapport à l’ouverture qui donne sur le salon principal, au rez-de-chaussée. Le plafond du séjour, de forme circulaire se combine au jaune des murs pour symboliser l’idée que le soleil fait rayonner la pièce. La visite interne terminée, nous poursuivons en prenant des photos dans la cour, au milieu du splendide jardin où l’unique fille du propriétaire et son copain auraient laissé leur peau. Sombre histoire !
Avant d’atteindre la ville neuve, nous avons l’honneur de marquer un arrêt devant une autre villa, celle où Lamartine aurait passé quelques jours dans le cadre de son fameux voyage en Orient. L’amateur de poésie française que je suis vit alors là une montée d’adrénaline. La suite de la virée se consacre à une balade plus individuelle que collective. C’est l’occasion pour les uns de faire des emplettes et pour d’autres de « mettre quelque chose sous la dent ». Rendez-vous à la poste à 16h 30, heure de retour sur Sofia. Je m’y pointe 30 minutes plus tôt en compagnie d’un camarade.
Attirés par la beauté remarquable de la structure de jet d’eau qui s’élève droit devant nous, nous nous en approchons avec l’intention de prendre une photo. Soudain nous nous retrouvons assiégés par une armée de jeunes bulgares. « Can I take a picture with you ? », nous demande, tout excité, l’un d’entre eux. Dès que nous répondons favorablement au premier et que la prise se fait, près d’une quinzaine d’autres s’empressent de faire autant. Et le sentiment dont je suis rempli pendant ces moments de partage intense est que l’œil de Plovdiv nous observe.
Commentaires