Les fêtes de fin d’année à la camerounaise

3 janvier 2011

Les fêtes de fin d’année à la camerounaise

Au Cameroun, on n’aime pas seulement la fête mais on la vénère. Si les jours ordinaires le Camerounais authentique passe la nuit dans des « circuits », des bars, des bistrots ou des discothèques, qu’en est-il alors de la période des fêtes de fin d’année qui suscitent chez la plupart des gens une grande excitation ?

Je me souviens que lorsqu’on était plus jeune (entre 7 et 14 ans), on avait une « caisse » (boite de forme carrée ou rectangulaire perforée d’un trou fin pouvant recevoir des pièces de monnaie). On la fabriquait nous-mêmes en début d’année et pendant toute l’année on s’en servait pour épargner une partie de nos sous de beignets. Et quand venait la période de la Noël, on l’ouvrait et on pouvait enfin jouir de nos économies en s’offrant des sorties entre copains ou en s’achetant un jouet ou un article pour passer ce moment tant attendu dans de bonnes conditions. La donne n’a pas du tout changé sauf que les enfants, de nos jours, sont encore plus créatifs, organisés et mieux encore les possibilités de divertissement se sont multipliées. Dans le temps, on allait se faire plaisir au manège, dans des glaciers ou des parcs publics où on pouvait tranquillement s’amuser, se prendre en photo et grignoter quelques amuse-gueules. Aujourd’hui les jeunes sont, en plus de ce qui précède, attirés par des bals dansants, des bars. L’ambiance dans ce genre d’endroits se résume à faire le show, à se saouler, à draguer les meufs, et si possible, se taper quelques unes. Il arrive très souvent que les enfants fuguent avant les nuits du 25 décembre et du 1er janvier. Les conséquences pour certains au lendemain des fêtes sont : la grossesse précoce chez les jeunes filles non avisées, l’appréhension des gaffeurs par les forces de l’ordre, le décès à l’issue d’un accident due à leur extrême négligence.

Quelque part ce comportement reprochable des jeunes est inspiré par celui des adultes et des parents. Comme quelqu’un le disait, « tel père tel fils ». Ce que les jeunes observent chez leurs parents ou chez des adultes qui leur sont proches est tellement édifiant par moment qu’il vaut la peine de le reproduire afin d‘en palper les impressionnants effets. La contribution du gouvernement dans tout cela consiste à inciter les entrepreneurs camerounais ou étrangers à multiplier les débits de boissons et les brasseries – il y a aujourd’hui plus de 15 marques de bière au Cameroun et les bars poussent tels des champignons – et veiller à ce que le prix de la bière ne hausse pas. Ne devrions-nous pas voir là un grand pas du dynamisme des grandes ambitions ?

Outre les déboires de la fête, celle-ci est aussi une occasion de bonheur, de partage en famille ou avec les amis. Si vous désirez rencontrer les membres d’une famille au complet, je vous conseille de vous pointer à leur domicile le 25 décembre ou le 1er janvier ; ce sont des dates-clés. Généralement, on se retrouve, aussi loin que puissent être les pays de résidence ou d’affectation des enfants ou des parents, autour d’un festin et les mélodies d’animation sont les histoires qui ont marqué la famille par le passé ou celles liées aux membres et à leur vie loin du foyer. On ne saurait y prendre goût car c’est une opportunité pour se taquiner, se marrer et renouer l’amour avec les chers.

Pour ce qui est des chrétiens, la nuit du 24 décembre se passe généralement à l’église. On prie et chante en attendant la venue du Christ que l’on a pris soin de symboliser par une crèche esthétiquement décorée, ce n’est que lorsque minuit sonne que tout le monde regagne sa maison. Quant au 31 décembre, il est fait pour les réveillons. Ils sont soit organisés dans des salles de fêtes, des hôtels luxieux où tout le monde peut participer moyennant une somme (allant de 15000 à 100000 FCFA selon le standing), soit organisés dans un cadre familial. Le réveillon familial est encore appelé réunion de famille. Il permet à la famille étendue de célébrer ses retrouvailles, de « laver son linge sale ». On se retrouve le plus souvent chez le chef de la famille, en ville ou au village où chaque grande famille apporte une partie des mets constituant l’agape qui sera partagée après que les palabres se seront tenues. Les manifestations se déroulent parallèlement au compte à rebours lancé pour minuit, heure à laquelle les gens crient haut et fort « bonne année » en se serrant les uns contre les autres.

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