Cameroun : nation à part entière ou nation entièrement à part ?

23 janvier 2011

Cameroun : nation à part entière ou nation entièrement à part ?

Dans mon récent article sur la fuite des cerveaux, je présentais le continent noir comme un gisement de matière grise. Cette fois-ci je compte m’attarder sur un peuple, en particulier, qui fait parler de lui un peu partout sur le globe terrestre. Croyez-moi, il mérite d’être connu et érigé à un rang exceptionnel. D’ailleurs, j’anticipe pour lui décerner la palme d’or de « nation africaine la plus spéciale » car convaincu que si l’on constituait un jury pour procéder à une pareille nomination, le verdict serait sans aucun doute le même.

La diaspora africaine regroupe différentes nationalités. Parmi celles-ci, il y a quelques unes qui se démarquent par leur ardeur au travail et leur réussite imposante. Il s’agit entre autres du Sénégal, du Nigéria, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Cameroun. Quand un Européen ou un Américain vous parle de l’Afrique en des termes élogieux, c’est à coup sûr sur l’exemple de l’une de ces nations qu’il s’appuie. Prenons, par exemple, le Sénégal, il est reconnu en France pour sa forte implication dans l’enseignement supérieur, notamment avec son grand nombre de professeurs et de docteurs d’université. Bref tous les pays cités précédemment ont une forte cote à l’étranger, mais s’il y a un d’entre eux qui soit arrivé à jouir d’une révérence tout à fait particulière au contact des autres peuples, c’est bien le Cameroun.

Animés par un esprit combatif très poussé, les Camerounais savent relever tout genre de défi. On emploie généralement le slogan « impossible n’est pas camerounais » pour souligner leur détermination à balayer tous les obstacles sur leur route. Pour que vous en ayez l’intime conviction, je vous invite à réaliser une petite étude qui va consister à observer tous les domaines-clés de ce monde (économie, instruction, santé, politique, management, médias) et de constater s’il y a ou pas un Camerounais impliqué, et ce à l’échelon international. La réponse certaine est oui ! Dans la plupart des cas, en Europe ou aux Etats-Unis, les Camerounais font partie des rares nationalités étrangères auxquelles sont confiés la gestion des laboratoires, des grandes boites, le pilotage des projets de développement ou de recherche et même des responsabilités politiques. Les statistiques parlent d’elles-mêmes, le taux d’alphabétisation entre 2003 et 2008 était de 68%. Au Cameroun, on chôme même avec un diplôme. La population instruite s’étant rendu compte de cette réalité sociale, elle cherche plutôt à se démerder avec des occupations du secteur informel. Vous trouverez, par exemple, des chauffeurs de ben skin1 qui ont une Licence en droit ou en sciences économiques.

Il n’y a pas de pays sur terre qu’un Camerounais n’ait pas encore visité ou mieux, conquis. La situation est telle que les autres nationalités africaines de la diaspora qualifient les ressortissants du pays de Manu Dibango de « peuple sans identité » tandis qu’eux-mêmes se surnomment « les Chinois d’Afrique ». Figurez-vous que même en Russie où le climat est rude et l’insertion peu aisée, il y a une communauté camerounaise installée. Ce qui fait également la force de l’homme camerounais c’est sa capacité de persuasion. Il arrive à gagner la confiance et l’estime de n’importe quel personnage de son environnement. Certains Camerounais, de mauvaise foi, utilisent ces qualités pour duper les gens, leur soutirer leur argent ou leur bien. C’est pourquoi dans bien des circonstances, on se méfie d’eux, on les craint. Il existe même une faction de la diaspora camerounaise qui se fait appelée « feymen». Il s’agit d’un groupe d’individus très mobiles et machiavéliques qui vivent au moyen de l’arnaque.

En résumé, le Camerounais est audacieux, ambitieux et par-dessus tout original et persévérant dans tout ce qu’il entreprend. Comme l’affirmait ma compatriote Stéphanie Mbida, jeune étudiante surdouée résidant aux Etats-Unis, lors d’une interview assez récente : «  Les Camerounais ne sont pas pleinement conscients des atouts considérables qu’ils possèdent et de toutes les grandes choses qu’ils peuvent réaliser avec les ressources qu’ils ont à leur disposition ». J’aimerais renchérir en citant la lourdeur du système comme l’origine majeure du retard que notre brave nation accuse depuis des décennies. Une fois de plus, c’est la mentalité des gouvernants qu’il faut mettre en cause. Aujourd’hui, on compte des bouts des doigts les étudiants camerounais de l’étranger qui bénéficient d’une aide financière allouée par leur Etat. Quand bien même vous seriez boursier de l’Etat camerounais, vous subiriez des traitements que même un enfant déshérité n’aurait aimé subir en contrepartie d’une prise en charge. A ce propos, les étudiants de la Fondation 2iE de Ouagadougou sont mieux placés pour vous fournir d’amples détails. J’éviterai ici d’aborder le sujet de la gestion des programmes de bourses octroyées par des gouvernements amis ou des ONG car il nécessite qu’on lui consacre tout un autre chapitre.

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