Côte d’ivoire, vache à lait et dame d’échecs pour l’Occident : pas question de laisser Gbagbo ou quiconque la prendre en otage

16 février 2011

Côte d’ivoire, vache à lait et dame d’échecs pour l’Occident : pas question de laisser Gbagbo ou quiconque la prendre en otage

Cela fait maintenant près de 3 mois que la crise ivoirienne fait la une des débats. Tout le monde en parle. Que ce soit dans la rue, au boulot, à la maison ou à l’école, chaque jour se présente comme une nouvelle occasion pour les populations des quatre coins du globe, désormais enthousiasmées par le dénouement de cette tragédie politique, de décrier ou de défendre tel évènement marquant de la journée. Je ne ferai donc pas ici de retour sur ce qui a été dit ou fait, veuillez m’en excuser. Ce sur quoi je compte par contre m’appesantir c’est le rôle que joue l’Occident dans cette sale affaire. Je ne suis ni partisan de Gbagbo, ni partisan de Ouattara, si vous voulez mon avis par rapport à ces deux là, pas un seul n’a le mérite de diriger quoi que ce soit. Peut-être que leurs arguments ou leurs actes sont d’excellents prétextes pour prétendre être les hommes de la situation. Mais la vérité demeure : ils sont tous très attachés à leur intérêt, un intérêt qui quelques fois prime sur celui du peuple ivoirien.

Comme je le disais tantôt, mon intérêt dans cet article porte sur les enjeux des puissances occidentales dans ce conflit. Si le président Gbagbo est tant controversé par la presse étrangère au profit de son homologue et adversaire c’est que ce qu’il propose pour la Côte d’ivoire « mélange » (comme dirait un authentique Ivoirien) en quelque sorte les intérêts de la France et de ses alliés. Celle-ci a toujours pris part à toutes les importantes décisions scellant le sort des Africains et n’aimerait ni aujourd’hui, ni demain se voir retirer ce privilège.

Un pôle économique incontournable en Afrique

Porte d’entrée et de sortie en zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine), la Côte d’ivoire abrite l’un des ports les plus importants d’Afrique, tant par son flux d’échanges commerciaux à l’intérieur du pays comme dans la sous région, que par sa position géographique stratégique. Par exemple, la quasi-totalité des marchandises qu’on retrouve sur le marché au Burkina Faso transitent par le port d’Abidjan. Ce dernier est un véritable moteur économique pour les exportations que la France peut opérer, pas seulement vers le pays mais aussi vers toutes les destinations environnantes (qui ne jouissent pas toujours d’une ouverture sur la mer). En outre, l’Europe importe de la Côte d’ivoire ses légendaires cultures de rente que sont le cacao et le café. Il n’existe pas d’autre manière de sortir indemne de ce type de business qu’influer en permanence sur les cours. Et pour contrôler efficacement le coût des produits, il faut que le client dispose d’un moyen de pression sur le vendeur. Imaginez un peu ce que, pour les Français, pourrait signifier perdre d’un seul coup autant d’atouts.

Une coopération précieuse aux yeux des Occidentaux

L’histoire qui lie la Côte d’ivoire et la France ne date pas d’aujourd’hui, c’est une vieille épopée. S’il y ait une colonie de l’AOF (Afrique Occidentale Française) qui puisse s’attribuer le mérite d’avoir contribué de manière considérable à faire de la France ce qu’elle est à l’heure où je vous parle, c’est bien le pays d’Houphouët BOIGNY. Les relations diplomatiques entre les deux Etats étaient assez stables avant qu’un nègre audacieux ne décide un jour de « faire chier » son ancêtre gaulois. Et depuis la coopération va de mal en pire, on dirait que personne ne veut plus servir l’intérêt de l’autre. C’est ainsi qu’on a assisté à la coupe des vivres aussi bien dans un sens que dans l’autre : les entreprises françaises ne détiennent plus le monopole des marchés publics en Côte d’ivoire tandis que celle-ci subit la satire des médias internationaux et les pressions politiques qui vont avec. Par ailleurs, n’oublions pas que, pour la France, garder une mainmise sur cette plaque tournante d’Afrique de l’Ouest est primordial dans la mesure où cela lui permet de conserver son leadership dans toute la zone.

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