Nouveau départ, nouveau cauchemar

Article : Nouveau départ, nouveau cauchemar
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27 septembre 2012

Nouveau départ, nouveau cauchemar

Départ, aéroport de Sofia

A peine je foule le sol de Vienne – où est prévu mon transfert de vol – cet après-midi que je regrette déjà de quitter Sofia, mon dernier chez-moi. Sofia, elle-même, ses pratiques, le style de vie un peu libertin mais plaisant qu’on adopte en y séjournant, les Sofiotes, et surtout la gente féminine, cette crème des crèmes, bouillie des bouillies 🙂 , toujours bien fringuée, jolie de chez jolie, bref, du 24 carats, si vous voulez qu’on parle comme des bijoutiers, tout ça me manque terriblement. Moins la légère gêne qu’on y ressent souvent à la rencontre de personnes quelque peu réticentes, peut-être à l’idée que le monde puisse être fait de contrastes, Sofia est un havre de paix, en tout cas, elle l’a été pour moi.

Dans cette ville mouvementée, j’ai éprouvé du plaisir à vivre toute une année, une année riche. Après cette année, je sais que, pour moi, rien ne sera plus jamais comme avant. Car les personnes dont j’ai fait la connaissance – sans vouloir insinuer qu’il n’en y aura plus de semblables dans ma vie – sont irremplaçables. Chacune d’elles, avec ses différences, a contribué à ce que le groupe que nous avons formé au cours des douze derniers mois à Sofia en général, et à l’IFAG en particulier, soit composite, et je pense que c’est ce caractère pluriel qui, moi, m’a donné le sentiment de m’enrichir au contact des autres.

Le partage de cultures n’est pas la seule richesse de cette aventure. Il y a aussi et surtout le fait que sa mission a été accomplie. Effectivement, personne n’a été recalé dans la promotion et presque tout le monde a décroché le stage rêvé ou une copie 🙂 . La saison que j’ai le plus vénérée est, sans le moindre tâtonnement, l’été. Oh l’été ! Non pas que l’hiver et sa neige me déplaisent, l’été est un moment béni en Bulgarie. Bon, il est vrai qu’on peut sentir Monsieur le soleil en personne descendre sur terre, mais il existe un effet compensatoire à tout ça : on mate les filles cuire, luire dans leurs tenues sans retenue. Faut forcément y être pour savoir comme c’est agréable de les découvrir sous cette nudité déguisée.

L’été est aussi le temps idéal pour descendre des bouteilles de bière. Et la bonne nouvelle c’est qu’en Bulgarie, la bière prend des contenants hallucinants. Le choix peut aller jusqu’à la bouteille de 2 litres. La taille des bouteilles n’est pas la seule chose étonnante avec la bière, il y a aussi le fait qu’on peut la boire partout (dans le bus, dans la rue, etc.) sans risquer de se faire interpeller par qui que ce soit.

En plein vol donc vers mon nouveau chez-moi, il me revient en mémoire ce sympa moment d’échange la veille avec mes amies kazakhes. Il parait que le Kazakhstan est un beau pays, de par sa nature, ses montagnes constamment colorées de vert, ses femmes (mmm !) qui sont de véritables cocktails de traits asiatiques et européens. Elles ont les yeux légèrement étirés, la taille de guêpes européennes, les cheveux d’ébène et au moindre sourire, leurs fossettes se creusent en mettant en évidence leur beauté naturelle. Ok, j’arrête la divague là. Je disais tantôt qu’elles et moi nous sommes réunis autour d’un petit repas, spécialité de chez elles soigneusement concoctée pour célébrer mon au revoir. En dégustant, nous lançons des divers où, à tour de rôle, chacun de nous présente les singularités de chez lui. Internet à l’appui, on s’attarde d’abord sur la variété des fruits. Des fruits, on passe aux spécialités culinaires. Et c’est alors qu’elles me font savoir que leur plat national, consommé plus souvent à l’occasion du nouvel an, est préparé à base de viande de cheval. Après on sirote le thé, une autre habitude quotidienne chez elles.

Arrivé au pays de mes ancêtres gaulois, je suis accueilli par un ami que je n’ai pas revu depuis quatre ans. Il arrive non seulement à l’aéroport une heure avant moi mais en plus il se trouve au mauvais terminal lorsque mon avion atterrit. Il m’appelle alors pour savoir ma position effective. Malheureusement pour moi, mon téléphone ne dispose pas d’assez de crédit pour tenir pendant l’appel en roaming. Par la suite, le gentil homme à la cabine de renseignements se propose de m’aider en téléphonant à mon hôte et en lui indiquant où venir me chercher. Après une petite marche du terminal 2 au CDG Val, je le rencontre enfin. L’émotion est à son comble. On se demande réciproquement comment on va, ce qu’on fait, ce qu’il y a de nouveau dans notre vie sociale. Aussitôt s’amorce la machine du transport en commun : métro, train. Dans les montées et descentes, j’ai encore un petit souci à gérer, mon sac à 20 euros, qui n’a pas attendu que je l’utilise, ne serait-ce que pour une petite fraction de cette valeur, avant que ses roues et ses cordes ne cèdent toutes en même temps.

Gare Saint Lazare. Dès qu’on y arrive, on se presse devant une machine qui absorbe de l’argent par un trou et vomit des billets par un autre. Ensuite, c’est la bouffe chinoise, plutôt rapide comme restauration et surtout facile à emporter. A bord du train de Rouen, après un petit sprint sur le quai, on déguste du riz, des nems, des boulettes de viande imbibées de sauce sucrée. Petit autre instant de panique : mon ami a oublié de composter (ou de me le recommander) mon ticket après l’achat, mais, ouf, le contrôleur nous fait réaliser que la machine l’a fait elle-même. 22 heures : une petite pluie nous accueille sur Rouen. Mon ami m’aide à trainer mon sac jusqu’à son appartement. Aussitôt installé dans la chambre, direction Facebook où j’actualise mon statut et réponds aux messages de quelques proches. L’installation se poursuit d’abord avec la bière à la maison, puis dans un petit café sympa avec une sorte de potion magique préparée par un Algérien qu’il connait personnellement maintenant à force de commander encore et encore le même médicament de nuit 🙂 .

Retour sur Paris le jour suivant. Mon ami doit me quitter car le boulot l’appelle. J’ai un souci de moins avec ma valise que j’ai remplacée par la sienne. Mais reste à gérer ma frousse à l’idée de circuler tout seul dans la ville, dont le référentiel m’échappe encore. Puis il y a cette petite voix qui me chuchote intérieurement que je n’ai rien à craindre, que c’est quand même moi, le voyageur 🙂 . Je me démerde comme un chef jusqu’à parvenir à la gare de Montparnasse d’où j’embarque pour Angers. Arrivé à la gare d’Angers, je suis reçu par une dame très sympa de ma structure d’accueil. Elle me précise tout de suite qu’avec elle c’est mademoiselle qui marche et non madame. Angers semble être une petite ville. On ne met pas plus de 5 minutes en voiture pour atteindre l’entreprise. C’est l’heure du déjeuner. Tout le monde est à table lorsqu’on arrive. Présentations et blagues à la française, histoire de me mettre dans le bain. Je joue au bonhomme courtois, sérieux, vous savez, un de ceux-là qui pourraient presque faire croire qu’ils ne se sont jamais léchés le doigt en mangeant.

Je suis ensuite conduit dans ma chambre, juste à l’étage. On me fait faire le tour des lieux et je me trouve à nouveau seul entouré par quatre murs. Toujours ce sont les souvenirs de Sofia qui reviennent dans ma tête et je me demande alors si j’ai bien fait de quitter mon ancien chez-moi.

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