Le trésor du foyer ou la progéniture du pays des merveilles

17 novembre 2010

Le trésor du foyer ou la progéniture du pays des merveilles

J’ai été enfant et l’unique image que j’en garde est celle de ma nourrice entrain de me conter l’une de ses histoires imaginaires en attendant impatiemment que je me jette dans les bras de Morphée. Elle m’assistait dans tous mes faits et gestes. Elle était là quand j’avais besoin de quelqu’un et quand je n’en avais nullement besoin. Chaque matin je la revoyais après m’être endormi la veille en la regardant me parler. Elle me rendait tous les services qu’une mère rendrait à son enfant. Tous les jours, elle me lavait, m’habillait, me préparait à manger. Il lui arrivait même de me faire des singeries dans le but de susciter mon rire. Parfois, je m’amusais bien avec elle mais il eut aussi des fois où aucune expression de bonheur ne pouvait envahir mon visage. Je ne réagissais plus à rien, une seule idée m’obsédait : voir ma mère. Le tendre cerbère se retirait alors dans la cuisine et trouvait quelque chose à faire jusqu’à ce que celle que je réclamais de toute urgence soit revenue de son occupation et m’ait pris dans ses bras. Lors de ma première journée d’école, ma nourrice m’accompagnait. Elle me tenait fortement la main. Quand nous entrâmes dans le bureau de l’institutrice, elle s’entretint avec cette dernière comme si elle était ma mère. Puis les deux me conduisirent devant ma salle de classe. Juste avant d’y pénétrer, j’étreignis jalousement ma nourrice qui me promit de revenir plus tard me chercher.

Je me souviens vaguement des moments passés en compagnie de mon père; si brefs étaient-ils qu’il m’arrivait parfois d’oublier que j’en avais un. Quand il n’avait rien à m’offrir comme présent, c’était pendant les grandes fêtes annuelles qu’on avait l’occasion d’échanger un peu. C’était un homme très occupé ; il voyageait incessamment pour son travail. Ma mère en souffrait ; je l’ai su peu avant mon entrée au collège. De temps à autre, ils se disputaient et il s’agissait toujours d’une question de travail. Ma mère lui reprochait son absence conjugale, son indisponibilité familiale. Depuis que je venais de franchir une nouvelle étape de l’interminable itinéraire scolaire, je fréquentais beaucoup de jeunes de mon âge. Et je dois avouer que dans la plupart des cas, nous n’avions rien en commun, excepté notre appartenance au même établissement. Après notre premier contact, je réalisais à quel point nous vivions différemment. Ils me parlaient toujours de leurs parents et principalement de leurs pères qui les aidaient à faire leurs devoirs le soir, les emmenaient à l’hôpital quand ils souffraient de maladie, leur faisaient visiter des endroits de distraction en ville. Lorsque venait mon tour de faire l’éloge du dieu des enfants, je restais sans mot dire.

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