Internet et les réseaux sociaux en Afrique : le revers de la médaille
Il y a un moment maintenant que l’internet est devenu l’un des outils phares des jeunes africains. Sur presque tout l’étendu du continent, des jeunes par millions ont désormais accès à cette technologie « passe partout ». L’internet a révolutionné un tas de choses dans la vie des Africains : il permet de communiquer à moindre coût avec un proche à l’extérieur, il facilite les renseignements sur toute sorte de domaine (études, boulots, offres commerciales, actualités, etc.), il contribue même à des changements politiques (confère les récents évènements du Maghreb) et il crée de toute évidence un nouvel univers qui peut se substituer à la vie de tous les jours avec ses activités coloriées de réalité. Cependant quand on essaye de faire une sorte de balance des fruits du net en Afrique, on se rend compte que cette magie occidentale revêt aussi des aspects négatifs.
Le revers de la médaille réside d’abord dans le fait que le web fait un peu trop rêver l’Africain. Je fais allusion ici aux jeunes filles qui se laissent parfois embarquer dans des plans de mariage avec des hommes blancs, lesquels paraissent plus beaux que vrais. Le fait est que ces demoiselles sont pour la plupart très désespérées : soit elles ne réussissent pas dans les études, soit elles sont orphelines avec des frères cadets à leur charge. Raison pour laquelle elles succombent facilement aux velléités du mec qui se trouve à l’autre bout du monde, leur eldorado à elles. De la prise de contact à la rencontre finale, les choses se déroulent généralement à une vitesse éclair. Du jour au lendemain, vous entendez une voisine du quartier discuter avec ses copines du cyber, de son horaire de connexion journalière, de tel ou tel site de chat à la une, alors qu’il y a à peine une semaine elle ignorait tout des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication). Et quelque temps après, la nouvelle tombe qu’elle s’est envolée pour « Mbeng ». Le plus triste est que ces histoires se résument dans la majeure partie des cas à un bonheur éphémère ou une chimère.
Je ne vous ai pas tout dit ! Ces dernières années, les jeunes accros d’internet ont expérimenté avec les réseaux sociaux et les sites de rencontre une nouvelle filière de l’arnaque. Il m’arrive d’aller par moment en boite pour m’éclater avec des amis. J’ai donc récemment, lors d’un de mes débordements, fait la connaissance d’une Ouagalaise « show woman » ou maquisarde (habituée des maquis), appelez-la comme vous voulez. Elle m’affirme qu’elle fait constamment la fête en boite de nuit avec certains jeunes ivoiriens partis d’Abidjan pour la cité politique burkinabè spécialement, je cite, pour faire le show à outrance. Ces jeunes ont pour la plupart moins de 20 ans. Mais lorsqu’ils débarquent à Ouaga, ils louent des voitures de luxe, résident dans des hôtels 3 étoiles et pètent des bouteilles de champagne dans les plus grandes discothèques jusqu’à ce que leurs portefeuilles n’en puissent plus.
La fortune de ces jeunes paresseux et insoucieux de leur avenir proviendrait de l’escroquerie qu’ils ont mise en place sur le net. La « go » m’explique qu’ils hébergent des sites de chat sur internet où ils postent des photos et des vidéos de jolies filles. Comment font-ils pour avoir les fichiers numériques ? Très souvent, ils se positionnent à proximité des coins chics tels que les banques, les salons de thé, les hôtels, et dès qu’ils aperçoivent une jolie demoiselle entrain d’y sortir ou entrer, ils s’en approchent discrètement et la prennent aussitôt en photo. Ils obtiennent les vidéos en arrosant les go (qui sont dans le besoin) de leur bled pour qu’elles acceptent de s’exhiber quelques minutes devant la caméra. Pour ce qui est de l’entretien des conversations avec le « wat » (pour désigner un blanc à la manière des Camerounais), ils l’assurent eux-mêmes en créant des faux comptes Yahoo, Facebook ou Hi5. Le reste de la tâche consiste à rassurer, appâter et nourrir d’espoir le visiteur blanc qui se connecte à leur site. C’est ainsi qu’ils arrivent à soutirer des sommes d’argent importantes à de dupes étrangers.
Aujourd’hui cette activité est très à la mode en Côte d’Ivoire, au Cameroun. Nombreux sont les jeunes qui vivent de cela. Par ailleurs, une autre tendance est entrain de se développer toujours chez les jeunes, il s’agit d’un réseau d’adolescents homosexuels qui couchent avec des hommes puissants et riches pour de l’argent et qui vous proposent (presqu’en vous harcelant) via Facebook de les rejoindre. On se demande alors si l’internet ne fait pas plus de mal que de bien à l’Afrique.