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Internet et les réseaux sociaux en Afrique : le revers de la médaille

Il y a un moment maintenant que l’internet est devenu l’un des outils phares des jeunes africains. Sur presque tout l’étendu du continent, des jeunes par millions ont désormais accès à cette technologie « passe partout ». L’internet a révolutionné un tas de choses dans la vie des Africains : il permet de communiquer à moindre coût avec un proche à l’extérieur, il facilite les renseignements sur toute sorte de domaine (études, boulots, offres commerciales, actualités, etc.), il contribue même à des changements politiques (confère les récents évènements du Maghreb) et il crée de toute évidence un nouvel univers qui peut se substituer à la vie de tous les jours avec ses activités coloriées de réalité. Cependant quand on essaye de faire une sorte de balance des fruits du net en Afrique, on se rend compte que cette magie occidentale revêt aussi des aspects négatifs.

Le revers de la médaille réside d’abord dans le fait que le web fait un peu trop rêver l’Africain. Je fais allusion ici aux jeunes filles qui se laissent parfois embarquer dans des plans de mariage avec des hommes blancs, lesquels paraissent plus beaux que vrais. Le fait est que ces demoiselles sont pour la plupart très désespérées : soit elles ne réussissent pas dans les études, soit elles sont orphelines avec des frères cadets à leur charge. Raison pour laquelle elles succombent facilement aux velléités du mec qui se trouve à l’autre bout du monde, leur eldorado à elles. De la prise de contact à la rencontre finale, les choses se déroulent généralement à une vitesse éclair. Du jour au lendemain, vous entendez une voisine du quartier discuter avec ses copines du cyber, de son horaire de connexion journalière, de tel ou tel site de chat à la une, alors qu’il y a à peine une semaine elle ignorait tout des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication). Et quelque temps après, la nouvelle tombe qu’elle s’est envolée pour « Mbeng ». Le plus triste est que ces histoires se résument dans la majeure partie des cas à un bonheur éphémère ou une chimère.

Je ne vous ai pas tout dit ! Ces dernières années, les jeunes accros d’internet ont expérimenté avec les réseaux sociaux et les sites de rencontre une nouvelle filière de l’arnaque. Il m’arrive d’aller par moment en boite pour m’éclater avec des amis. J’ai donc récemment, lors d’un de mes débordements, fait la connaissance d’une Ouagalaise « show woman » ou maquisarde (habituée des maquis), appelez-la comme vous voulez. Elle m’affirme qu’elle fait constamment la fête en boite de nuit avec certains jeunes ivoiriens partis d’Abidjan pour la cité politique burkinabè spécialement, je cite, pour faire le show à outrance. Ces jeunes ont pour la plupart moins de 20 ans. Mais lorsqu’ils débarquent à Ouaga, ils louent des voitures de luxe, résident dans des hôtels 3 étoiles et pètent des bouteilles de champagne dans les plus grandes discothèques jusqu’à ce que leurs portefeuilles n’en puissent plus.

La fortune de ces jeunes paresseux et insoucieux de leur avenir proviendrait de l’escroquerie qu’ils ont mise en place sur le net. La « go » m’explique qu’ils hébergent des sites de chat sur internet où ils postent des photos et des vidéos de jolies filles. Comment font-ils pour avoir les fichiers numériques ? Très souvent, ils se positionnent à proximité des coins chics tels que les banques, les salons de thé, les hôtels, et dès qu’ils aperçoivent une jolie demoiselle entrain d’y sortir ou entrer, ils s’en approchent discrètement et la prennent aussitôt en photo. Ils obtiennent les vidéos en arrosant les go (qui sont dans le besoin) de leur bled pour qu’elles acceptent de s’exhiber quelques minutes devant la caméra. Pour ce qui est de l’entretien des conversations avec le « wat » (pour désigner un blanc à la manière des Camerounais), ils l’assurent eux-mêmes en créant des faux comptes Yahoo, Facebook ou Hi5. Le reste de la tâche consiste à rassurer, appâter et nourrir d’espoir le visiteur blanc qui se connecte à leur site. C’est ainsi qu’ils arrivent à soutirer des sommes d’argent importantes à de dupes étrangers.

Aujourd’hui cette activité est très à la mode en Côte d’Ivoire, au Cameroun. Nombreux sont les jeunes qui vivent de cela. Par ailleurs, une autre tendance est entrain de se développer toujours chez les jeunes, il s’agit d’un réseau d’adolescents homosexuels qui couchent avec des hommes puissants et riches pour de l’argent et qui vous proposent (presqu’en vous harcelant) via Facebook de les rejoindre. On se demande alors si l’internet ne fait pas plus de mal que de bien à l’Afrique.


J’ai vécu la crise ivoirienne de façon palpable ce vendredi

Un peuple sans paix est un peuple dénué de vie ; une vie n’est humainement possible que si elle est menée en toute liberté. Ces derniers mois, il y a eu dans le monde pas mal d’évènements tragiques. L’Afrique est l’un des principaux théâtres de ces horribles faits, notamment avec les mutineries du Burkina Faso et la crise ivoirienne. Cette dernière est probablement le plus marquant de ces évènements. La Côte d’Ivoire et Abidjan en particulier auront ainsi connu les pires atrocités de toute leur histoire, une histoire qui aura été marquée par des tiraillements politiques, des affrontements militaires, des règlements de comptes, des bavures, des souffrances sociales.

Je reviens à l’instant d’une sortie que j’ai effectuée avec deux charmantes amies. En fait, comme tous les vendredis, j’aime bien trouver une formule pour me faire plaisir en soirée, histoire de récompenser mes efforts de la semaine. Ce vendredi, je suis particulièrement ému – ne vous arrive-t-il pas parfois de l’être tout comme moi, de vous relâcher alors et de vouloir vous livrer dans un truc exceptionnel comme, par exemple, faire la paix avec un proche de qui vous vous êtes séparé sans la moindre explication ? –, c’est pourquoi j’opte pour une détente à l’improviste car je me mets d’accord avec mon hôte par téléphone seulement 30 minutes avant qu’on ne se rencontre. Aussi avant de l’avoir au bout du fil, je ne suis pas sûr qu’elle réponde favorablement à mon invitation car elle et moi avons eu quelques embrouilles auparavant. Heureusement, Cathia me fait signe qu’elle vient en compagnie de sa copine. Je me rends donc au lieu du rancard, un maquis (bar d’Afrique de l’ouest).

Quand elles arrivent, on s’assoit et passe aussitôt les commandes car le compte à rebours pour le couvre feu est déjà lancé et il ne reste plus que 2 heures à « enjoy ». Je lance une blague intimidante, comme quoi je ne prends en charge que les consos d’alcool. Cathia s’entête à prendre son Coca plein de glucose (cette véritable source de diabète). Tandis que sa copine cède en faisant le même choix que moi : une bonne « Castel » bien fraiche. La bière, s’avère être l’unique élément qu’elle et moi avons en commun lors de cette première rencontre, et pourtant les échanges que nous entretenons par la suite, pendant que nous sirotons nos délicieuses « Castel », nous lient comme par hasard de la même sensation, cette sensation de « déjà vécu » que j’ai eue quand elle racontait son épopée ô combien périlleuse lors de la récente crise à Abidjan.

Cette jeune Burkinabé est courageuse, mais alors vraiment courageuse car malgré toute la frustration qu’elle a pu endurer, elle a le cran de faire un flashback sur ses accablants souvenirs, alors qu’elle est revenue à Ouaga il y a à peine une semaine. Elle retrace les tueries, les perpétuels conflits entre les miliciens ou pro-Gbagbo et les rebelles ou pro-Ouattara au lieu-dit Yopougon. Selon elle, la crise aurait fait un grand nombre de victimes innocentes, en parlant de jeunes traqués injustement dans les domiciles, interrogés violemment en pleine rue et battus à mort ou brûlés vifs devant les leurs dont les pleures et les supplications insistantes n’auront pas suffi pour ramener à la raison ces rebuts sociaux baptisés pour la plupart anciens prisonniers, délinquants, bandits de grand chemin, illettrés.

Je veux vous épargner les cas de viols dont elle nous a fait part, à Cathia et moi. Mais je ne peux m’empêcher d’en parler car ils sont tels des pièces à conviction qui vous permettent à vous, chers lecteurs, de mieux appréhender la cruauté des hommes. Des femmes auraient donc été violées en présence de leurs maris et enfants. Les ménages en question auraient été ensuite pillés jusqu’au dernier bien. Elle affirme que les rebelles ont débarqué un jour dans l’une des maisons mitoyennes à la sienne et ils sont tombés sur le repas qui venait d’être apprêté. Après l’avoir entièrement dégusté, ils se sont servis en emportant avec eux quelques objets de valeur comme la télé, les téléphones et ont pris la peine de passer la commande d’un mets spécial qu’ils sont revenus le lendemain savourer avant de récupérer le reste du magot.

L’histoire ressemble bien à une épopée et cette ressortissante burkinabè en est l’héroïne car elle s’est retrouvée au mauvais endroit à un moment fort peu intéressant. Elle réussit à sortir indemne des multiples épreuves sanglantes qu’elle a traversées. Elle a immigré à Babi (pour désigner Abidjan à la manière des Ivoiriens) il y a environ 10 mois avec le père de sa fillette, qui est lui-même Ivoirien et qui désirait tant présenter ses perles rares aux siens. Elle y est donc restée par amour pour sa famille et comptait ainsi y poursuivre ses études une fois que son couple aurait trouvé un minimum de stabilité. Finalement elle se retrouve noyée dans la crise, contrainte de faire un petit commerce au bord de la voie aux risques de choper la balle perdue d’une kalachnikov ou de se faire humilier par ces bêtes humaines.


Confessions d’un politicien africain

Pardon mes pères

Pardon mes mères

Pardon mes frères

Pardon mes sœurs

Pardon âmes africaines


Que je regrette de vous rendre coupables

Que je regrette d’être moi-même coupable

Que je regrette de vous décevoir

Que je regrette de vous attrister

Que je regrette de ne pouvoir vous étaler ma triste déception


Pour ces injustices endurées

Pour ce chaos semé

Pour ces cauchemars vécus

Pour ces drames infligés

Pour cette guerre perpétrée


Je sais que vous m’en voulez

Je sais que vous me culpabilisez

Je sais que vous culpabilisez vous-mêmes

Je sais que vous perdez foi en cette fratrie

Je sais que vous la privez désormais de votre amour


Contre toute envie de lui rouvrir votre cœur

Contre toute envie de lui réitérer votre confiance

Contre toute envie de vous libérer de l’emprise de votre ressentiment

Contre toute envie de m’acquitter de quoi que ce soit

Contre toute envie de me laisser une nouvelle chance


Mais je vous assure qu’il m’arrive de fondre en larmes

Mais je vous assure que je suis parfois tenté de jeter l’éponge

Mais je vous rassure que je fais de mon mieux

Mais je vous assure que je vous comprends

Mais je vous assure que vous aussi finirez par me comprendre un jour


Parce que mon monde ne colorie pas toujours les choses en rose

Parce que je connais votre douleur

Parce qu’aucun jour ne passe sans que je n’œuvre pour vous

Parce que je vis moi-même des persécutions

Parce que je contribue machinalement à la ruine de notre chère Afrique


Apprendre à faire confiance aux produits africains

Dans le cadre de mon stage de mémoire de fin d’études, j’ai assisté Samedi dernier à un atelier sur la valorisation des constructions faites à partir des matériaux locaux au CCF (Centre Culturel Français) Georges Méliès de Ouagadougou. Le débat était animé par le docteur Raffaele VINAI, chef de l’UTER ISM (Unité Thématique d’Enseignement et de Recherche Infrastructures et Science des Matériaux) au 2iE et l’entrepreneur ZI Mahamadou qui, depuis 1992 a mis sur pied une PMI produisant et distribuant des BTC (Blocs de Terre Comprimée) dans le pays.

Le premier a d’abord pris soin de présenter les problématiques liées à la construction en Afrique sahélienne avant d’énumérer les actions qui ont été menées jusqu’à ce jour et qui pourront être menées à l’avenir toujours dans l’optique du développement et pour améliorer les conditions de vie des populations burkinabè. Ensuite, l’exposé pratique était du ressort du second qui n’a pas lésiné sur ses moyens pour montrer, au moyen d’une presse manuelle, à son auditoire combien il est assez aisé de bâtir en terre stabilisée au ciment. Différents acteurs et professionnels du domaine étaient présents et n’ont pas hésité à creuser davantage les préoccupations que posent ces technologies innovantes aussi bien dans la faisabilité technique du projet que dans ses retombées économiques et environnementales.

De la dévalorisation

Ce sujet, je l’ai annoncé il y a maintenant près de 2 semaines. Si j’ai tant trainé pour le publier, c’est que je voulais rassembler le maximum d’informations sur les questions que le public pourrait se poser et celles auxquelles j’ai moi-même tenté de répondre. Jusqu’ici j’ai déjà eu l’opportunité de côtoyer pas mal de nationalités en Afrique – rassurez-vous, je m’en vante, car il y a en cela quelque chose d’édifiant, c’est ce sentiment de richesse culturelle que l’on hérite au contact d’une âme étrangère–, je n’ai pas seulement côtoyé les hommes mais j’ai aussi côtoyé leurs environnements (Burkina Faso, Bénin, Ghana). Vous pourriez comme moi observer chez ces peuples, le vôtre compris, un comportement similaire : on consomme moins le produit local. Et lorsque l’on cherche à comprendre pourquoi l’homme africain raffole tant des prototypes de « Mbeng », on ne retient que quelques tentatives de réponses. Certains vous déclarent sans gêne que le produit africain est de mauvaise qualité, d’autres vous affirment dans une formulation euphémique : « c’est une question d’habitude, je me suis déjà familiarisé avec les produits européens ».

Philosophie, imitation ou influence ?

Je pense qu’au delà tous ces avis, l’Africain ressent un besoin vital : sortir de sa coquille traditionnelle, passer par moment du son percutant d’un balafon à la douce mélodie d’un piano, de la saveur rafraichissante d’un pot de dolo 1 au goût exquis d’un verre de vin ou du boubou au smoking, bref embrasser d’autres éléments significatifs qui ne font pas forcément partie de lui, de son monde parce qu’il a, lui aussi, cette soif de découvrir l’autre. Cependant, d’autres aspects sont à considérer. Il arrive que certains Africains se perdent dans un désir, à mon avis, un peu trop poussé pour l’exploration de l’univers blanc, à telle enseigne que leurs actes relèvent désormais du suivisme. On est prêt à investir des sommes folles parce qu’on veut absolument s’approprier le bien ou le service authentique ou  « made in France », ceci malgré le fait que le règlement inclut parfois des frais supplémentaires (frais de commande, de transport ou de livraison). Alors que des offres sont disponibles sur place avec à peu près les mêmes caractéristiques. Le dernier aspect est purement politique. La réputation de l’Afrique pour son snobisme occidental ou sa tendance à dévaloriser ses propres marchandises s’explique également par le fait qu’elle demeure encore le fidèle débouché de l’industrie nord. Les dirigeants africains subissent les clauses des échanges économiques qui sont fixés et régulés par l’Occident. Presque tout ce que l’on retrouve au sud est importé du vieux continent : appareils électroniques, véhicules, matériaux de construction, tout jusqu’aux denrées alimentaires (sucre, lait, farine, riz, etc.). Résultats : il n’y a pas de marché qui soit typiquement africain et les populations noires quant à elles sont tenues de consommer, consommer les fruits d’ailleurs.

A propos des constructions

Tout secteur de l’économie africaine souffre du tort que lui inflige cette philosophie de consommation calquée sur les tendances « mbenguistes ». La construction en est un exemple palpable. De nos jours, la plupart des bâtiments sont faits en béton. Quand des promoteurs ou entrepreneurs locaux cherchent à expliquer aux maitres d’ouvrage le bien fondé d’une construction en terre, ceux-ci s’empressent de leur tourner le dos. Les arguments qu’ils avancent sont ceux de qualité, de l’originalité et de la pérennité : profanes qu’ils sont, ils ont tendance à croire qu’un ouvrage construit entièrement en béton est de manière systématique plus stable qu’un ouvrage constitué de terre. Ce qui est tout à fait faux. L’histoire de la construction nous révèle que le matériau a connu avec le temps des évolutions. Bien que les premières constructions en terre ne fussent pas satisfaisantes, on dispose aujourd’hui de techniques plus adaptées pour la conception à base de blocs de terre. Une étude comparative sur 3 propositions de maçonneries (parpaings de ciment, blocs latéritiques taillés et BTC) a récemment été menée par le Projet LOCOMAT soutenu par le Ministère des Infrastructures, de l’Habitat et d’Urbanisme du Burkina Faso et il ressort que les BLT sont les matériaux les plus économiques suivis des BTC en deuxième position.

Quels avantages pour la construction en BTC ?

Il existe d’énormes intérêts à bâtir en BTC. On peut citer principalement :

  • la réduction de CO2 : le béton dégage lors de sa production environ 80% (par rapport à son poids) de gaz carbonique très nocif pour l’environnement ; ainsi en construisant avec la terre on diminue la consommation en ciment qui n’est désormais utilisé qu’à une faible proportion (12% dans le mortier servant à la confection des murs) pour stabiliser le matériau écologique,
  • l’économie d’énergie : la terre a des propriétés thermiques intéressantes ; elle constitue un bon isolant, ce qui contribue à abaisser la consommation énergétique des ménages construits en BTC,
  • le faible coût de revient : la plupart de nos pays en Afrique regorgent de nombreuses carrières de terre encore inexploitées ; de plus les épargnes réalisées en termes de béton et d’énergie (sur le long terme) viennent aussi alléger la facture de l’aménagement en BTC.

En somme, construire au moyen des matériaux locaux est un acte qui s’inscrit dans le développement durable.

 

1 bière fabriquée à partir de sorgho malté au Burkina Faso


Dans les coulisses de la journée internationale de la femme au 2iE

Amphithéâtre de 2iE Ouaga

A l’image d’un grand nombre d’institutions du monde entier, la fondation 2iE célèbre chaque année, depuis maintenant 4 ans, la femme ingénieur. C’est une occasion pour les étudiantes de ce prestigieux institut d’Afrique de développer leurs talents de femmes et d’apparaitre sous des facettes jusqu’ici inconnues de leurs camarades ou amis. Le thème retenu pour cette 4ème édition est « Genre et Energie ». Comme à l’accoutumée, une table ronde est prévue ce 8 Mars entre des experts du domaine considéré et les étudiantes les plus actives et inspirées particulièrement par le sujet. Le débat a lieu à l’amphithéâtre où l’opportunité leur est donnée de s’exprimer devant des invités de marque dont le Directeur Général Paul Giniès, son épouse et certains partenaires au projet qu’il pilote. Elles peuvent ainsi prendre position et défendre avec ferveur leurs opinions non pas seulement en tant que gente féminine mais aussi sur le même pied d’égalité que les autres intervenants (il y a parmi eux des hommes).

Avant cette phase qui clôture le calendrier des activités liées à la JIF (Journée Internationale de la Femme), les femmes ingénieurs 2iE organisent le jour précédent une soirée culturelle riche en couleurs. L’idée est de mettre en compétition 6 étudiantes, toutes douées et dotées de qualités exceptionnelles. Elles doivent faire preuve de vaillance et d’objectivité lors de leurs interventions orales dans un concours qui s’articule principalement autour d’épreuves baptisées : femme ingénieur au foyer, femme ingénieur au boulot, tenue vestimentaire de la femme, réponses aux questions tirées au sort et traitant des difficultés rencontrées en société. Le jury appelé à délibérer à la fin est constitué de professeurs et de l’ex-présidente de l’AFEIS (Association des Femmes Etudiantes, Ingénieurs et Stagiaires) qui joue un rôle de marraine au cours de cet évènement.

Il n’y a pas que le spectacle à l’ordre du jour, il y a aussi la vente de petits mets tels que les grillades, les pâtisseries, les jus naturels. C’est l’occasion là pour les étudiantes qui s’activent quotidiennement à rendre service à leurs camarades au campus, de faire un peu plus de bénéfice. C’est également l’occasion parfaite pour les étudiants les moins connus de sortir de leur ombre habituelle et de contracter des amitiés ou d’autres formes de liens avec le public (à la fois interne et externe). Au terme des épreuves, trois lauréates sont choisies et primées par le jury : il s’agit par ordre de mérite croissant de la 2ème dauphine, de la 1ère dauphine et enfin de la miss ingénieur 2iE. Cette année et pour la deuxième fois de l’histoire, la couronne de miss est décernée à une Camerounaise de la filière Master Environnement. Décidément, tout porte à croire que cette nation est à part entière.


Mondoblog : de la découverte à la sélection

Vendredi dernier j’ai réuni une dizaine d’amis dans mes 10 mètres carrés au campus et nous avons partagé ensemble quelques amuse-gueules et boissons. C’est en ces termes sincères que j’ai ainsi introduit la réjouissance : « je vous remercie tout d’abord pour votre présence ici ce soir, si je vous ai appelés c’est pour qu’on célèbre ensemble un évènement important de ma vie … Est-ce que vous vous rappelez du concours de blogueurs dont je parlais il y a un moment, ça a marché et je suis retenu pour une formation en journalisme ». Un ami en particulier me cligne de l’œil pendant que je parle. C’est un peu à lui que je dois ma sélection dans cette extraordinaire aventure. Il est le premier à m’avoir informé du concours. Il m’a aussi encouragé à y participer parce que, disait-il, j’avais une chance de réussir.

La compétition dans son ensemble n’a donc pas été du tout facile. Il fallait pendant ces cinq mois de besogne consacrer des nuits blanches à cogiter sur le ou les sujet(s) qui allaient faire l’objet de notre toute prochaine publication sur la toile, puis rédiger quelque chose et enfin gommer ou insérer certains détails jusqu’à atteindre la perfection. Parmi les articles qui m’en ont le plus fait baver, il y a entre autres 10 autres manières de vous servir les mots qu’Andriamihaja avait à nous dire, Appel aux élites africaines du savoir, La fuite des cerveaux : un élément déstabilisateur pour le continent noir, Ouaga by night, Histoire du phone en milieu scolaire etc. Et je continue à le dire comme je l’ai si bien fait dans Cette vie, j’ai de la peine à la vivre ! : j’ai dû parfois produire des efforts herculéens pour arriver à faire la part des choses dans un univers d’ingénieurs, le genre d’univers qui vous vide de tout votre temps et de toute votre énergie.

Toujours pour faire ressortir les nombreuses embûches que les mondoblogueurs ont eues au cours de cette épreuve d’élites, j’aimerais mentionner que j’ai dû parfois subir les frustrations de mes camarades de promotion qui trouvaient ridicule et stupide que je me consacre, en tant qu’élève-ingénieur, à autre chose qu’aux logiciels ou aux calculs. Ils ne parvenaient pas à me comprendre et je les comprenais. L’ayant saisi, je me mettais désormais à l’écart quand je voulais écrire. De toute manière, ils ne pouvaient pas constituer ma muse car je n’ai toujours été inspiré que lorsque je me retrouve seul, seul dans un espace que je pressens comme le mien.


Les jeunes qui dirigent la circulation à Ouaga

Le mois de Mars commence à peine et l’on trouve déjà plus d’une raison de regretter l’harmattan à Ouaga. Pourtant il y a encore quelques semaines, la plupart des gens trouvaient que cette période climatique – qui se rapproche de l’hiver rencontré dans les pays tempérés – était trop rude à vivre. A présent, le temps qu’il fait n’est ni favorable à l’alimentation énergétique de la cité, ni favorable à la bonne marche des activités économiques, ni favorable au bien-être des populations. La sécheresse s’installe petit à petit et les conditions de vie qu’elle crée dans cette région sahélienne du monde sont très peu intéressantes. Parmi ces conditions pénibles, on peut citer: le chargement de l’air en poussières nocives à la santé, le tarissement des barrages ou des autres ressources en eau, la coupure intempestive du courant électrique.

Parlant du délestage, j’ai été frappé l’autre jour par une scène en ville. Je me trouvais en pleine circulation au niveau du carrefour Charles de Gaulle quand soudain les feux tricolores ont cessé de briller. Je ne saurais vous décrire le remue-ménage qui a suivi cette brusque interruption de la signalisation lumineuse. Heureusement dans l’immédiat, des jeunes motivés prennent le contrôle des choses. Ils sont au nombre de 6 (au Burkina, en plus des voies réservées aux automobiles, il est prévu des pistes cyclables, du moins sur les avenues ou les boulevards). Chacun se positionne sur l’une des voies qui constituent l’intersection et essaye du mieux qu’il peut de réglementer la circulation. C’est une tâche assez fastidieuse car elle demande de la concentration surtout pour synchroniser ses gestes à ceux des autres.

Revenons maintenant sur ces jeunes qui se portent garant pour un travail qui en temps normal à Ouaga est effectué soit par les forces de l’ordre, soit par les bénévoles de la mairie. Pour en avoir le cœur net, je me suis renseigné sur eux auprès d’un autochtone du quartier qui ne se trouvait pas loin de la mystérieuse scène. L’homme m’affirme que tous sont des enfants du quartier. La majorité d’entre eux exercent de petits métiers de l’informel aux alentours de ce même carrefour. Ce sont des vendeurs ambulants de crédit de télécommunication, de bonbons et chewing-gums ou des colleurs de roues de motocyclettes. Mon interlocuteur ajoute que ces jeunes dynamiques et soucieux du développement de leur pays sont généralement encouragés par les usagers de la route qui les gratifient de quelques pièces de monnaie.


Dépistage sérologique des MST: véritable cauchemar chez les jeunes en Afrique

Beaucoup de jeunes aujourd’hui ne sont pas réceptifs à l’idée de connaitre leur statut sérologique. Avant les autorités compétentes organisaient des campagnes de dépistage gratuit en milieux scolaires. Cependant le ratio de personnes dépistées n’a jamais satisfait à leur objectif. Est-il alors possible que le recours aux campagnes de dons de sang initiées dans nos métropoles ces dernières années vienne combler les attentes ?

Ce matin, l’institut 2iE de Ouaga a reçu la visite du CNTS (Centre National de Transfusion Sanguine). Très rapidement une équipe constituée de médecins, d’infirmières et d’une restauratrice (environ 10 personnes au total) prend les choses en main et s’active dans la cour. Elle installe les équipements, apprête le matériel nécessaire pour les prises sanguines. Il y a toute une série d’étapes à franchir avant la phase finale. Le patient doit tout d’abord se diriger vers l’infirmière chargée de l’accueil pour faire des prises de poids, tension et renseigner une fiche de consultation. Ensuite, il peut foncer chez le psychologue qui continue à renseigner sa fiche grâce aux réponses qu’il obtient à l’issue du questionnaire menée sur la vie intime de son interlocuteur. Ce n’est qu’après validation du cas de ce dernier par le psychologue que le médecin lui inocule la seringue. Une fois sa poche de sang enregistrée, le donneur reçoit alors une boisson et un sandwich.

La plupart des étudiants présents ont la trouille. Ils tournent en rond dans la cour avant de se décider. Certains, pour montrer à leurs amis qu’ils sont courageux, y vont mais commencent à  paniquer au moment de l’interrogatoire. « Combien avez-vous eu de partenaires sexuels au cours des 6 derniers mois ? ». C’est cette question qui met tout le monde mal à l’aise, y compris les plus coriaces. Seuls les plus confiants ne se sentent pas embarrassés par elle. Tout se passe dans une ambiance de joie, d’intrigue et de dialogue. Au campus, tout le monde sait qui est qui. C’est la raison pour la quelle dès qu’un « wanted » s’engage, on entend le hum de la foule. Mais si c’est quelqu’un de « réglo » qui s’aventure, on se tait. Autour de cette affluence, de petits groupes se sont formés : étudiants donneurs et non donneurs argumentent sur certains sujets pour éviter de s’ennuyer pendant la durée de la campagne.


Quand la voix des sans voix n’arrive plus à parler

Une phase clé de l’aventure Mondoblog s’achève ce mois et j’ai déjà le sentiment que la centaine de blogueurs francophones que nous sommes pourraient passer à côté d’un point essentiel. Heureusement, je compte y voir juste. Déjà quatre longs mois consacrés à rédiger sur pas mal de thèmes intéressants et personne parmi nous n’a pu réaliser que l’on se préoccupe plus d’autre chose que du domaine de préoccupation lui-même (ne dit-on pas que la charité commence toujours par soi-même ?). Il est donc temps que quelqu’un ouvre le débat sur les médias.

L’information est l’une des principales richesses du monde actuel. Etre au cœur de l’information de nos jours signifie avoir toutes les portes ouvertes. Vous pouvez posséder toutes les autres richesses de la terre (or, argent, biens matériels) ou même le pouvoir, si vous ne vous accaparez pas du savoir ou des renseignements nécessaires pour évoluer dans vos activités et les rendre de surcroit prospères, vous vous dirigerez tout droit vers une chute certaine. Je prends le cas des puissances mondiales (Etats-Unis, Russie, France, etc.), si elles s’affirment en  tant que telles c’est parce qu’elles arrivent à monopoliser l’information à travers la planète toute entière. Services de renseignements, cellules de communication, médias sont autant d’atouts qui assurent aux gouvernements leur survie.

Je mettrai ici une lanterne particulière sur les médias, ces outils qui nous renseignent au quotidien et auxquels nous témoignons notre plus grande confiance. N’y a-t-il pas une raison quelconque d’observer les choses différemment par moment ? N’est-il pas plus rassurant d’appréhender les produits que nous synthétisent les médias avec un peu d’esprit critique, de bon sens ? Je vous invite chers lecteurs à réfléchir sur cette problématique qui peut paraitre inutile voire insensée pour celui-là qui est désormais habitué à passer des nuits blanches, les oreilles perméables aux moindres signaux vocaux que lui émet son fidèle compagnon de chevet, le poste radio (après tout c’est RFI et l’info en continu !).

La vérité c’est que les soi-disant voix des sans voix sont aujourd’hui muselés par les politiques. Et quand la politique fout son nez dans une affaire, celle-ci finit par puer. Que l’on me nomme une seule presse, radio ou télévision qui diffuse librement et normalement ses infos sans qu’aucun gouvernant – interne ou extérieur à la zone de couverture – n’exerce un peu de son autorité sur elles. On peut citer le cas de la RTI en Côte d’ivoire qui fonctionne depuis le début de la crise sous le total contrôle de son excellence Mr l’Ennemi juré des Français (pour éviter de dire ADO). Par ailleurs, il y a eu de part le monde suffisamment de démonstrations sanglantes enclines à intimider le corps médiatique, sapant ainsi chez les plus doués de l’heure la déontologie qui les lie à ce métier passionnant. Parmi ces martyrs de la liberté, on a Pius DJAWE au pays des grandes ambitions, Norbert ZONGO au pays des hommes intègres.


Course aux énergies renouvelables : quels enjeux pour le continent noir ?

Il s’est tenu récemment à Munich une rencontre entre des patrons d’entreprises européennes (ABB, Siemens) et quelques entrepreneurs d’Afrique du nord. Le thème sur lequel ils ont échangé est l’énergie. Conscients du fait que les sources d’énergie (pétrole, eau, vent) s’amenuisent au fur et à mesure que le temps passe et que les changements climatiques s’opèrent partout sur la planète, les plus gros maillons de la chaine consommatrice d’énergie mondiale, réfléchissent et cherchent des solutions palliatives à l’imminente pénurie d’énergie électrique qui pourrait frapper les habitants de la terre. Projet durable et de grande envergure, Desertech serait, d’après ces capitalistes, l’ultime solution quant aux inquiétudes planétaires relatives à la question de l’énergie. Mais il faudra attendre une quarantaine d’années avant d’observer les tous premiers travaux de mise en œuvre d’un projet aussi important.

Notons que le projet Desertech consiste à installer une centrale thermosolaire sur le désert du Sahara pour alimenter en grande partie le vieux continent en jus électrique. Quels intérêts le Berceau de l’humanité tire de cette fructueuse réalisation? Il est prévu d’acheminer l’énergie vers les consommateurs européens via des câbles électriques sous marins, ce qui permettra par la même occasion de désalliniser l’eau de mer. Tout en réduisant le taux de CO2 émis dans l’atmosphère, Desertech contribuera à l’AEP (Approvisionnement en Eau Potable) des populations enclavées du sud. C’est cela, la part réservé aux Africains dans un si grand projet ! Alors qu’on sait très bien que l’Afrique n’est pas encore totalement sortie de l’obscurité, du moins pas comme l’Occident. Il est vrai que les fonds pour mettre en place une pareille installation sont colossaux (de l’ordre de 400 milliards d’Euros) et proviennent du nord, mais ses promoteurs se sont-ils, un seul instant, intéressés au sort des Africains quand ils élaboraient leur brillante initiative ? Peuvent-ils garantir sa faisabilité effective sans aucune incidence négative, même à long terme, sur l’Afrique ? Les firmes occidentales prévoient-elles des clauses d’exploitation du désert dans leur contrat ? Si oui, sont-elles bénéfiques pour les Africains ? C’est à autant de préoccupations que devraient répondre les initiateurs de Desertech.