• À propos de l'auteur
  • Pourquoi "Mes réalités du monde"?
Mes réalités du monde
11. nov.
2010
Expérience
1

Episode de ma vie

En inclinant mes yeux ce soir vers le moniteur de mon portable, mes mains sont prêtes à colorier par le biais du clavier cet épisode de ma vie jusqu’ici gribouillé à cause de la tiédeur de mon intention. Comme beaucoup de jeunes de mon âge, j’aime la compagnie féminine car elle me procure toujours un grand bien. Je sais flairer les envies de femmes, c’est une des raisons pour lesquelles j’arrive très vite à retenir leur attention, gagner leur confiance et me rapprocher d’elles. Mais jusqu’à il y a quelque temps de cela, je ne parvenais pas à comprendre pourquoi cette belle ambiance ne règne au sein de notre relation que le temps dont elles disposent pour se rendre compte du fait que je n’ai aucun plan pour elles. Je le reconnais, je n’ai pas le moindre plan pour ces dames ambitieuses, d’ailleurs je n’en ai jamais eu pour moi-même. Ce que les femmes désirent par-dessus tout c’est la sécurité. Je ne connais pas d’homme de cette époque qui a déjà perdu l’estime d’une femme en contrepartie d’un gage de sécurité vis-à-vis de celle-ci. En parlant de sécurité, il est important de distinguer trois types : la sécurité physique, la sécurité sexuelle et la sécurité financière. Cette dernière a une plus grande signification à leurs yeux, au point où certaines préfèrent même renoncer à l’amour de leur vie pour vivre avec l’homme qu’elles n’aiment que pour sa fortune. Ensuite, vient le sexe qui apporte toute leur sophistication aux rapports du couple. Enfin, on a la sécurité physique qui renvoie bien évidemment à la disponibilité, l’aptitude d’un homme à être présent pour sa compagne, prendre sa défense face à une circonstance donnée car la femme aime se sentir telle la protégée de son chevalier. Je ne peux leur offrir ce sentiment de confiance, et elles arrivent toujours à le lire à temps dans mon dessein quoique je m’évertue à le dissimuler. Je suis donc incapable de tisser le fil d’une relation du début jusqu’à la fin et me nouer à la fille. A maintes reprises, je me retrouve confronté à ce cas de figure dans ma vie et je me contente toujours de fuir en laissant derrière moi, seule et désespérée, une femme encline au dévouement. Peut-être aurais-je peur de me lier à ces délicates créatures simplement parce que je ne serais pas fait pour ce rôle, ou alors, ne serais-je qu’un pauvre lâche, terrorisé à l’idée de périr dans les feux de l’amour. Tenez, je vous présente le scénario habituel : d’abord je me lie d’amitié avec la fille, puis je la courtise jusqu’à ce qu’elle soit intéressée. Dès que j’ai la sensation de la nourrir de quelque plaisir ou tendresse que ce soit, je me sauve. Elle aura beau me demander de lui fournir une explication par la suite, je ne lui fournirai qu’une excuse. A vrai dire, ceci témoigne du fait que j’aime mieux l’idée de l’amour que le concept lui-même. Cet épisode est certes le mien mais peut devenir le vôtre, faute de quoi je vous exhorte à ne pas suivre mes pas dans cette aventure qui m’a l’air de plus en plus périlleuse au fur et à mesure que le temps poursuit son vol.

Lire la suite
11. nov.
2010
Réflexion philosophique
2

De l’atemporalité

Voyez-vous très chers amis, sans même ouvrir ce fructueux échange  entre nous, je sais de prime abord que le temps ne me permettra pas assez de vous présenter tout ce que j’ai actuellement en mémoire. Il agira d’un moment à l’autre contre moi, et ceci que je le veuille ou non car nous avons fait de lui une influence sur nous. En effet le temps nous dicte nos habitudes, nos actes, notre mode de vie. Il nous contraint chaque jour par ses secondes, ses minutes et ses heures à des états de survie dans un monde où les chiffres ont toujours manipulé l’homme alors qu’il pensait les avoir maitrisé.

Parmi les éléments que le temps exige de nous au quotidien, la ponctualité, l’aliénation et la médiocrité constituent les plus cruciaux. La ponctualité est communément  définie comme le respect du temps. Mais elle apparait plus comme une sorte de norme établie par la société, qui est indirectement sous contrôle d’un groupe de chercheurs ou penseurs qui croient que les chiffres ont cette dimension managérielle que l’horloge leur confère. Le problème véritable est que le temps s’envole en permanence. Être ponctuel signifie de ce fait vouloir le rattraper ou, si possible, avoir une longueur d’avance sur lui : ce qui est tout à fait absurde.

Après le conformisme observable au travers de la ponctualité, vient l’aliénation dans ce processus temporel. A force de se plier à l’exigence précédente, l’homme perd peu à peu son droit le plus précieux, sa liberté. Le temps a fait de nous des êtres dépendants, condamnés à vivre dans la peur, le doute, l’hésitation, la promptitude et le chaos. Il suffit de regarder ces civils qui courent dans tous les sens en longueur de journée pour arriver à l’heure soit à une occupation, soit à un rendez-vous, pour comprendre qu’ils sont esclaves de la quatrième dimension. De même, le respect scrupuleux du temps nous prive chaque jour d’une vie digne notamment lorsque nous ne parvenons pas à nous acquitter de nos engagements (sortie en famille, rencontre d’amis) avec nos proches  sous prétexte que nous n’avons pas eu du temps.

La médiocrité s’imbrique aux éléments abordés précédemment, pour clore ce processus. L’attitude de l’homme à toujours vouloir tout relier au temps contribue finalement à écourter ce compte à rebours qu’il a fixé, si bien que plus rien ne se fait, excepté le temps lui-même. Dans ce propos, je veux simplement expliquer que si on ignorait un peu le temps, on accomplirait certainement mieux les choses dans la plupart des circonstances qui se présentent à nous, d’autant plus qu’on ressentirait moins sa pression. Mais visiblement c’est tout le contraire qui est vécu, avec ces hommes qui ont fondé tous leurs espoirs dans le temps alors que celui-ci n’a rien d’autre à leur offrir, si ce n’est sa gouverne tyrannique.

Lire la suite
09. nov.
2010
Expérience
0

REFLETS DE FEMMES

Quand on parle d’altruisme, on ne saurait faire abstraction des femmes car elles sont gentilles, attentionnées et toujours prêtes à faire le bien. Il suffit de regarder comme une mère poule prend soin de ses petits pour comprendre à quel point les femmes sont dévouées aux êtres qui leur sont chers.

Les femmes ont un cœur sujet à la pitié, au pardon; elles sont tolérantes. Vous est-il déjà arrivé de vivre une situation de panique (accident, bagarre, querelle, etc.) en compagnie d’une femme ? Je préfère ne même pas vous étaler sa peur et ses scènes de crise qui suscitent le plus souvent la palpitation de la foule.

Les femmes sont dotées d’un amour pur. Lorsqu’elles s’engagent à aimer, elles aiment de façon franche l’homme et non son statut ou ses apparences. Je fais ici allusion à la femme de votre jeunesse, à la femme que vous avez connue lorsque vous n’étiez encore qu’un simple débrouillard.

Créatures à la fois délicates et sensibles, les femmes sont généralement faibles d’esprit. Elles sont certes intelligentes mais il n’en demeure pas moins que certaines circonstances de la vie leur échappent. Par exemple, si vous irritez une femme, cela risque de l’indigner et ce sont des incartades, des pulsions et des exaltations qui s’ensuivront.

S’il m’était donné l’opportunité de décrire en un seul mot la femme, j’utiliserais certainement « complexe ». En effet, l’univers féminin ressemble à une sorte de dédale où les hommes ont tendance à s’égarer. C’est un vaste domaine souterrain. Le chemin qui y mène est parsemé d’écueils de tous types. Si vous désirez vous y aventurer, je vous recommande de vous munir de gadgets prompts à vous préserver des éboulements de terrain qui font considérablement des victimes.

Lorsqu’un homme va vers une femme avec  l’intention de lui faire la cour, deux cas de figure se présentent généralement : si cet homme se montre sérieux et susceptible d’honorer sa parole, il se fait éconduire à coup sûr ; en revanche s’il est farceur, il gagne sa confiance et son estime.

Tout simplement, je tiens à montrer à quel point les femmes sont difficiles à cerner. Et quand on aurait l’impression de les comprendre, elles nous démontreraient le contraire par des velléités, ce qui se traduirait par des rencontres manquées, des excuses fausses.

Les femmes cachent un orgueil viscéral. Très souvent quand une femme est intéressée par un homme, elle lui fait croire le contraire avec un peu de culpabilité. Son plaisir dure plus si l’homme en question se prête à son jeu. Mais s’il comprend vite là où elle veut en venir, et s’éloigne d’elle, il est évident qu’elle n’aura pas d’autre choix que de lui déclarer sa flamme.

On dit habituellement que les femmes sont sentimentales, je dirais simplement qu’elles ont horreur d’avoir le cœur brisé, pourtant elles sont plus responsables de blessures émotionnelles que les hommes. En ce sens qu’une femme a plus de chance de se faire désirer par un homme qu’un homme n’a de chance d’y parvenir.

Lire la suite
03. nov.
2010
Expérience
0

Petites précisions

Quelqu’un m’a dit un jour : « Les plaisirs auxquels vous gouttez en paressant tout au long de votre année scolaire n’ont rien de comparable aux plaisirs que vous savourez au terme d’une année scolaire laborieuse. ». J’ai souvent retourné cette opinion dans tous les sens quand j’étais au lycée et jamais je n’ai pu y tirer un message substantiel comme présentement. Je me souviens qu’au lycée nous n’étions pas assez consciencieux. Mes camarades de la même promotion et moi étions constamment agités, impulsifs, enclins à semer le désordre dans la salle pendant les heures de cours. Nous cherchions toujours à nous prouver d’abord à nous-mêmes, ensuite aux uns et aux autres quelque chose : j’ai souvent pensé à l’originalité. Mais je me rends compte que ce n’était rien d’autre que de la bêtise. En haut, j’ai omis de mentionner que c’est mon professeur de Français – parce que j’en avais honte – qui pour me ramener à l’ordre un jour m’a tenu ces propos. Ce fameux jour, l’enseignant était entrain de dispenser le cours sur l’analyse logique quand soudain j’ai levé ma main pour poser une question stupide, stupide selon l’entendement des autres mais sublime pour notre petite bande de pirates. D’ailleurs pendant que les autres riaient pour se moquer de moi, ils le faisaient pour m’aduler et n’hésitaient pas à applaudir. Pour les premières fois, le professeur s’est abstenu de ne rien dire ou faire. Lorsque j’ai répété mon acte pour la troisième fois, il s’est aussitôt empressé de m’exclure de la salle. Puis, il m’a rejoint dans le bureau du surveillant pour me sermonner. Cette année-là, j’ai pu louvoyer pendant les deux derniers mois. L’année suivante, je suis retombé dans le même guêpier et cette fois j’ai en pâti.

Quand est-ce que j’ai réellement intégré le fond de la citation du professeur ? Il a fallu que je sois renvoyé de l’établissement pour que je commence à cerner un certain nombre de choses. En effet, deux ans après mon échec, et un an avant de clôturer le chapitre du secondaire, j’étais dans l’obligation de me faire accepter par un autre établissement. Je me rappelle le ton tendu que prenait sans arrêt mon père pour me parler pendant cette période. Mon année de terminale a donc été une année de reconversion ; je suis passé de l’élève stupide à l’élève assidu quoique mes résultats n’aient pas été extraordinaires. J’ai véritablement inculqué la morale de cette histoire durant ma quatrième année d’université. J’ai compris notamment que les notes sont nécessaires pour évoluer mais il faut beaucoup plus que des valeurs quantitatives pour réussir. Il y a par-dessus tout, la qualité de l’étudiant qui est un élément à mettre en exergue. Et sans l’appui du Ciel, il ne sera pas apte à développer cette valeur en lui. Au regard de ma petite expérience, la constatation que j’ai fait jusqu’ici est que : l’étudiant passe toute son année scolaire à faire semblant d’étudier ses leçons et c’est à l’aube des examens finaux que lui vient la volonté d’ingurgiter des lueurs de cours. En temps normal, il trouve tellement pénible, ennuyeux de réviser ses notes de cours et interminable son programme d’étude. Cependant, dès que l’année touche à sa fin, ce fardeau cesse de peser sur lui. Il se met alors à regretter son indolence. Alors qu’il aurait pu faire preuve d’abnégation et de persévérance quand il était encore temps. Il lui suffisait pourtant d’écouter cette voix divine qui chuchote en nous chaque fois que nous nous apprêtons à divaguer.

Lire la suite
03. nov.
2010
Culture
2

Du Blues aux larmes

Let’s Get It On

De tous les styles de musique connus de ce monde, aucun n’a pu faire couler autant de larmes que le Blues. C’est un style riche et original qui a tellement marqué la scène musicale que l’on retrouve encore ses traces dans d’autres styles populaires tels que le Jazz, la Soul, le Rock, la Pop. Le Blues tire ses racines de l’esclavage et de ses rudes effets. La communauté afro-américaine exprime à travers ce rythme à la tonalité pathétique sa tristesse, la conjoncture qu’elle a endurée pendant l’époque des travaux champêtres. Ce style musical classique laisse derrière lui tout une histoire, très souvent marquée par des tragédies, des coups durs, si durs que nul ne saurait retenir ses émotions en la témoignant. Le blues a toujours exprimé avec facilité tout ce que la vie avait de plus difficile, de pénible. Les bluesmen devaient chercher au fond d’eux, l’énergie et la ressource nécessaire pour porter dans leur voix toute la complexité de leurs histoires personnelles. Certains y sont parvenus, mais d’autres ont succombé à leurs propres émotions et le Blues n’a pas hésité à faire d’eux ses victimes. Parmi les couleurs qui auront servi à peindre le Blues, l’amour apparait comme cette touche particulière qui vient raviver le tableau. Le Blues, grâce aux subtils instruments qui permettaient de le produire et qui rassemblaient ainsi Blancs et Noirs sur une même piste de danse, aura machinalement contribué à l’abolition de la ségrégation en Amérique. Cependant l’histoire du Blues n’est pas seulement la leur, c’est aussi la nôtre car nous avons tous eu un jour ou l’autre du Blues dans notre vie. Et je peux vous garantir que l’une des façons les plus efficaces de l’extérioriser consiste à laisser l’émotion vous faire fondre en larmes en écoutant l’irrésistible titre de Marvin Gaye : «Let’s get it on».

Lire la suite
03. nov.
2010
Sensibilité sociale
4

Dans l’arène de l’emploi

Tout est sombre, calme, aucun signe sonore n’est perceptible. C’est alors que surgit dans son esprit une lueur multicolore qui se transforme progressivement en lumière vive, jusqu’à ce qu’il ouvre entièrement les yeux et constate l’imminente incursion du mastodonte sur terre. A peine arrivé à l’aéroport, Frank est assiégé par les membres de sa famille, venus nombreux pour l’accueillir. C’est en les étreignant les uns après les autres qu’il commence à réaliser la pertinence de son choix.

Après ces cinq années d’études passées à plusieurs miles de Douala, en quête d’un avenir meilleur, Frank a l’impression, dès son retour, que son environnement est différent. Très vite, il succombe aux charmes des quelques changements que sa ville a connus pendant son absence, à l’instar des aménagements routiers et des bâtiments nouvellement construits. Son excitation est encore plus grande lorsqu’il pense aux acquis exceptionnels obtenus à l’issue de sa formation et se voit entrain de contribuer au développement du pays. Mais il ne se doute pas encore que la machine en elle-même demeure inchangée.

Une semaine plus tard, il s’est tenu une réunion au cours de laquelle Frank a reçu les encouragements et le soutien moral de ses oncles et tantes. Plus tard dans la même soirée, quand toute l’assistance s’est retirée, ses parents lui ont remis une enveloppe d’argent symbolisant à la fois l’aide et la bénédiction auxquelles toute la famille a voulu prendre part.

Quelque temps après, Frank a décidé de quitter la maison familiale et a aménagé dans un appartement à Deido. Il lui fallait désormais trouver une source de revenu pour assurer le paiement mensuel de son loyer. Chaque matin, il se rendait au cybercafé situé au coin de la rue débouchant dans son immeuble. Il y passait des heures à consulter les sites-web des entreprises, dans l’espoir de tomber sur une offre d’emploi. C’est ainsi qu’il a constitué et transmis ses dossiers à plusieurs entreprises de la ville. Une seule d’entre elles lui a accordé un entretien d’embauche. Finalement, le candidat retenu, quoiqu’il ne fût pas le meilleur, était originaire de la même région que le recruteur.

Avant que Frank ne s’envole pour Ouagadougou, Tatiana et lui étaient très épris l’un de l’autre. Ils s’étaient rencontrés au secondaire et depuis lors, étaient devenus très proches. Le jour où Frank partait, ils se sont promis de toujours compter l’un pour l’autre. Mais il a fallu que le prince charmant de cette idylle romantique regagne son palais avant que cette relation n’évolue vers un éventuel avenir. Ils n’ont pas cessé de communiquer malgré la distance, la preuve est que Tatiana était la première à être informée de son retour. Et lorsqu’ils se sont retrouvés, ils ont convenu de vivre ensemble. Pendant que Frank était occupé à chercher du travail, elle terminait sa sixième année de médecine à l’université.

Trois mois sont passés et Frank n’a rien pu obtenir à l’issue des multiples requêtes déposées auprès des entreprises. Il a dû accepter un boulot temporaire de manœuvre dans un chantier proche de son logement. Tatiana et lui se sont organisés de sorte à vivre à l’aide des trois mille francs qu’il gagnait chaque jour de labeur. C’était certes difficile le premier mois, mais leur désir de persévérer, leur patience leur ont permis de surmonter bien des épreuves.

Au bout de six mois, le chantier est passé à l’étape des finitions et Frank, en tant que simple maçon n’était plus sollicité. Les jours suivants, il a quand même continué à se rendre sur le lieu du travail. Un matin, alors qu’il venait à peine d’arriver, il a reconnu un de ses camarades du secondaire. Il s’agissait de Bernard, le maitre d’ouvrage. Sans hésiter, Frank s’est rapproché et lui a tendu la main. Bernard s’est aussitôt souvenu de lui et l’a pris dans ses bras tout en manifestant, par des hurlements, sa joie extrême à l’idée de revoir son ami.

La semaine d’après, ils étaient comme des jumeaux. Partout où Bernard allait, il emmenait Frank. Bernard était l’un des proches collaborateurs du délégué du gouvernement ; il était chargé de gérer les travaux d’urbanisation de la commune. Quand Tatiana l’a appris, elle s’est aussitôt empressée d’endoctriner le charmant ingénieur civil au chômage: Bernard, grâce à sa position, constituerait une aubaine pour la carrière de ce dernier.

Frank préférait éviter la question relative à son occupation quand il rencontrait Bernard. De surcroit, l’idée selon laquelle il devrait se servir de leur amitié pour lui soutirer un emploi le gênait énormément. Ce sujet a notamment été abordé lorsque Bernard a invité Frank et Tatiana à diner : celle-ci n’a pas pu s’empêcher de répondre à la place de son compagnon au moment où Bernard lui a proposé de travailler pour lui.

Le lendemain Frank était introduit comme chef aux membres d’une équipe. Son premier défi au sein de la structure consistait à concevoir une nouvelle route pour la ville. Il faut dire que pour lui, travailler dans un aussi important service était la réponse des prières qu’il avait longtemps adressées au Ciel. On ne serait jamais assez à l’abri du pire, en sécurité dans la vie, quand bien même on jouirait d’un emploi ; une question lui revenait sans cesse, à savoir : combien de temps cette situation privilégiée allait durer ?

Après neuf mois de service permanent à la communauté urbaine, le couple de Frank respirait la stabilité. Il suffisait de constater comme leur train de vie avait évolué. Ils ont déménagé dans un nouvel appartement qu’ils ont équipé de meubles tout neufs. Akwa, le quartier dans lequel ils résidaient désormais leur donnait accès au prestige dont ils avaient toujours rêvé. Pour couronner le tout, Tatiana attendait un enfant, le fruit de cette union indéfectible.

Après avoir réalisé avec succès son premier projet, Frank s’est vu confier un deuxième. Cependant au moment de la réalisation, son patron lui a recommandé une entreprise pour les travaux de sous-traitance. Celle-ci  n’avait pas la compétence requise pour la réfection d’un pont récemment entrainé par les crues. Evidemment, il était contrarié à première intension mais il a finalement dû obtempérer. Le jour de l’inauguration de l’ouvrage, le public a assisté à l’enfoncement d’une partie de la route sous l’effet des seules charges présentes, ce qui traduisait l’inefficacité du compactage préalablement effectué par la firme sous-traitante.

En fin d’année, Frank et sa compagne étaient conviés à un réveillon au domicile du délégué du gouvernement, et à cette occasion, Bernard l’a présenté comme une recrue efficace, un atout majeur pour le service. Il n’a guère tari d’éloges à l’endroit de son protégé afin que l’autorité sache, à son tour, le complimenter, saluer ses efforts. Cette soirée s’est déroulée de manière plutôt intéressante pour le couple, d’autant plus qu’ils en sont partis, la clef de leur nouveau véhicule en main.

Une nouvelle année débutait pour les âmes sœurs. La gestation de Tatiana était à deux mois de son terme. Un matin, Bernard, en discutant à propos d’une nouvelle affaire avec son subordonné, lui a demandé d’assister à une importante réunion que devait présider un ministre plus tard dans la soirée. C’est ainsi que Frank s’est rendu avec enthousiasme à l’hôtel cette nuit-là. Chacun d’eux à bord d’une automobile aux vitres teintées, les invités se dirigeaient en file indienne vers le parking souterrain. La rencontre devait se tenir dans la salle des banquets du sous-sol. A l’entrée, une petite armée d’hommes vêtus de noir s’assuraient que seules les personnes munies d’un carton spécial puissent franchir la porte. Une fois à l’intérieur, des hôtesses se chargeaient de les conduire, chacun à sa table, puis d’assurer le service des apéritifs.

Soudain, tout le monde s’est levé, les hôtesses ont quitté la salle et le silence a commencé à y régner : le ministre accompagné d’un certain nombre de personnalités de marque dont les visages m’étaient parfaitement inconnus faisaient leur entrée. Il n’y avait pas la moindre présence féminine en ce lieu, tous étaient des hommes opérant dans divers domaines de la fonction publique. « Soyez les bienvenus, tous autant que vous soyez, nouveaux ou anciens. Nous sommes réunis ici ce soir pour célébrer l’auréole de l’emploi que nous, tous, avons le plaisir de savourer. Ce plaisir, permettez-moi de le clamer haut et fort, est et demeurera éternel tant que vous accepterez d’être des nôtres et de servir, à n’importe quel prix, nos intérêts à tous. Je vous remercie, chers amis.» : énonça le ministre aux invités.

Par la suite, le maître de cérémonie demanda à tous les nouveaux de se lever, de se présenter et de prêter serment. Quand vint le tour de Frank, il chancelait. Il fallait voir les gouttes de sueur décrire sur son visage des trajectoires entremêlées les unes par rapport aux autres. La soirée s’est terminée par la dégustation des mets et l’échange des cartes de visite entre les différents membres. Le plus troublant pour Frank a été de surprendre une personnalité et un simple membre entrain de convenir d’une entrevue dans une chambre de l’hôtel. En raccompagnant le délégué jusqu’à sa voiture, Frank a appris qu’il devenait le nouveau chef des grands travaux de la commune.

Quand Frank est rentré chez lui, il a épargné les détails de cette mystérieuse aventure à sa compagne. Le lundi suivant, il a regagné son service comme à l’accoutumée. A la seule différence que le bureau qu’il occupait désormais le rapprochait davantage du sommet de la hiérarchie. Ce qu’il était entrain de vivre lui inspirait à la fois de l’allégresse et de la peur. « Aménager de nouveaux trajets afin de mieux desservir les zones où le trafic est le plus dense dans la ville » constituait le projet qui venait de lui être confié. L’enjeu ici était considérable car le budget était alloué par les Fonds Monétaires Internationaux. Sa mission devenait complexe dans la mesure où il devait assumer une plus grande responsabilité : superviser les activités de la phase de conception jusqu’à celle de la réalisation.

Les chefs d’équipes s’opposaient farouchement au fait que le jeune ingénieur inexpérimenté soit, en si peu de temps, devenu leur supérieur. Et Frank le ressentait pendant les séances de travail, notamment en constatant que l’ordre qu’il avait transmis était partiellement exécuté. D’un autre côté, l’ouï-dire au sujet de son prédécesseur suscitait suffisamment de frayeur au sein du service pour que quiconque déclinât son bureau. D’ailleurs Frank n’a pas tardé à confirmer ce que l’on racontait au sujet cet étrange personnage : il se sentait mal chaque fois qu’il s’introduisait à l’intérieur. Il pressentait qu’il se passait des choses bizarres et inexplicables dans cette pièce: il ne retrouvait jamais un objet à l’endroit où il l’avait initialement rangé ; à peine avait-il mis son ordinateur en marche pour travailler qu’il somnolait. Malgré cela, Frank n’a pas capitulé. Il croyait fermement en Dieu et en sa sauvegarde.

Lorsque Bernard lui a ordonné de réduire son budget de moitié, il s’est senti léger telle une feuille ; un sentiment de doute s’est emparé de lui. Ces quelques minutes relaxantes lui auront permis de réaliser qu’il évoluait dans un monde d’impostures. Pour ses patrons, ce qui comptait avant tout n’était pas le rendement de travail, mais les millions qu’il y avait à se partager. Cependant que pouvait-il faire sans risquer de mettre sa carrière en péril? C’est ainsi qu’il a dû revoir le coût du projet à la baisse en utilisant au lieu du bitume un revêtement superficiel. Trois semaines avant l’accouchement de sa compagne, Frank a reçu un chèque de cinq millions de francs de la part du délégué qui l’encourageait vivement à continuer dans le même sens. La semaine d’après, l’autorité lui demandait de l’accompagner à un colloque à Yaoundé. Ce soir-là, ils se sont rencontrés dans un hôtel 4 étoiles. L’hôte est arrivé une demi-heure avant son supérieur et s’est installé au bar.

Après s’être chaleureusement salués, ils ont engagé une conversation plus ou moins houleuse:

–          « Pourquoi n’avez-vous pas commandé à boire? », lui demanda le délégué.

–          « Merci, Monsieur, mais je n’ai pas trop soif. », répondit Frank.

–          « J’ai entendu dire que vous vous débrouillez bien dans votre nouvelle fonction. »

–          « Chaque jour de travail est une occasion pour m’y adapter et combler mes manquements. »

–          « Savez-vous que je peux faire de vous un homme incontournable dans votre domaine et pour ce pays? »

–          « J’en suis très flatté, Monsieur. »

–          « Il vous suffit de me rendre de temps à autre quelques services extra-professionnels. », dit l’autorité en effleurant la cuisse de son subordonné.

–          « Je ne suis pas sûr de comprendre ce que vous êtes entrain d’insinuer, Monsieur. », répliqua Frank tout en vacillant.

–          « Pensez à votre compagne et au bien-être de l’enfant qu’elle porte actuellement. Si vous vous montrez coopératif, je ferai en sorte que vous ne manquiez jamais de rien. »

–          « Je regrette, Monsieur, mais cela m’est impossible. », déclara Frank après avoir marqué quelques minutes de répit.

Le délégué l’a fixé du regard pendant un moment avant de s’en aller, la mine complètement refroidie. Frank n’a finalement pu résister à l’envie de prendre un verre, deux verres et une bouteille entière de liqueur. Le gérant a dû faire appel au service de sécurité pour qu’on le transporte hors de l’hôtel. Ce fut sa toute première nuit à la belle étoile.

La semaine suivante, Frank ne s’est pas donné le mal de retourner travailler. Il est resté chez lui pour s’occuper de sa dulcinée. Une fois de plus, il s’est abstenu de lui raconter sa son voyage, de peur que cela ne la perturbe; d’autant plus qu’elle devait bientôt mettre au monde leur fils. Mais elle se doutait bien que Frank lui dissimulait quelque chose car elle avait remarqué chez lui un étrange comportement depuis son retour.

Le jour où l’homme comblé est revenu de l’hôpital avec ses protégées, des agents de police sont venus l’appréhender dans son appartement. On l’accusait de détournement de fonds et d’incompétence. Il était mentionné dans la presse qu’il a bâclé le projet financé par les FMI afin de s’accaparer le reste du budget pour des fins personnelles. Des enquêtes auraient été soigneusement menées et tout soupçon qui pesait sur Frank se serait avéré exact.

On vit chaque jour qui passe avec espérance, on rêve, et quand vient la vie qu’on a tant attendu, on se demande combien de temps on en profitera. Toutefois, ce qui compte dans la vie n’est pas le temps qu’elle met mais ce sont, de loin, les efforts qu’on consent pour survivre dignement. C’est donc au travers des barreaux de la prison centrale de New-Bell que Frank verra sa fille grandir et atteindre l’âge de quinze ans.

Lire la suite
13. oct.
2010
Sensibilité sociale
0

Le livre

S’il fallait révérer quelque chose dans ce monde, le livre serait sans doute le tout premier. Le rôle substantiel du livre peut se mesurer à travers les multiples services qu’il nous rend. Ces individus qui pensent que lire n’est qu’une simple méthode de divertissement, le conçoivent précocement. Ceci dépeint typiquement le cas d’une jeune adolescente qui, pour s’évader, se laisser envahir par le sentiment d’embellissement de vie dans lequel le rêve la plonge, se munit d’un arlequin avec pour seul dessein de s’occuper. A quoi bon ne guère tarir d’éloges à un tel instrument s’il ne sert qu’à se détendre ?

La lecture débouche de manière exhaustive sur une fin majeure qui est l’éveil des consciences. Au moyen du livre authentique, dont les plumes engagées sont les seules à détenir la recette, nous avons la possibilité de nous interroger sur les préoccupations de l’heure, de réfléchir et d’user de notre esprit critique pour faire preuve de discernement face aux terribles situations auxquelles nous confronte la vie quotidienne. Prenons, par exemple, le roman d’André BRINK, Une saison blanche et sèche : bien que ses passages dénoncent les horreurs de l’Apartheid, on se sent illuminé dans les abysses de la lecture par un message d’espérance, de paix et d’amour du prochain.

La plupart des reliures qui pullulent dans nos bibliothèques regorgent de connaissances, d’informations exploitables par le biais de la lecture. Cette dernière confère à quiconque la poursuit une arme puissante, le savoir. Il devient alors judicieux de déclarer que le livre est un savant inerte. Qu’avons-nous, par exemple, à réclamer aux hommes de science en retrouvant dans l’un ou l’autre manuel scolaire des formules mathématiques ou des théories physiques qu’ils ont ingénieusement élaborées ? Certes ne sont-ils plus de ce monde, néanmoins leurs œuvres demeurent à travers le manuscrit. Par ailleurs, pour un citoyen d’un pays donné, lire les journaux lui donne accès non seulement à l’actualité mais ainsi qu’aux nombreuses portes dont l’information est généralement la clef. En ce sens que l’étudiant désireux de postuler à un concours, à une bourse devra nécessairement s’approprier le journal où le communiqué ou l’annonce aura été publié.

Le livre est aussi un indicateur de vie. Il apparait comme l’unique pièce à conviction dont dispose un enquêteur voulant étaler la vérité au grand jour, prouver l’existence de faits ayant marqué l’histoire des hommes. Sans le manuscrit, que serions-nous aujourd’hui? Un peuple sans histoire. Ne serions nous pas à l’ombre des civilisations qui ont régi la vie de nos ancêtres ? En effet, l’Iliade et l’Odyssée d’Homère ne savent pas mieux nous renseigner sur l’histoire tragique de la Grèce antique.

Cependant la société contemporaine se tourne de plus en plus vers un outil récent : le support numérique. Le support papier se voit alors dérober la vedette par le fichier numérique au point où on parle même de politique « zéro papier » dans les entreprises, les instituts d’enseignement. Les raisons qui tentent de justifier cette révolution sont multiples et une bonne partie d’elles s’inspirent du développement durable. Pourtant, nous pouvons démontrer que l’utilisation de cette nouvelle forme de transmission d’information (qui passe très souvent par l’ordinateur) est loin d’être aussi efficace et saine comme on nous la présente.

L’emploi prolongé de l’ordinateur a de sévères répercussions sur la vue. Le moniteur de ce brillant appareil renvoie sa lumière vers le visage de l’utilisateur. Ce rayonnement, lorsqu’il est subi de manière régulière, a des effets nuisibles à l’œil. Telle est la situation endurée par la plupart des élèves-ingénieurs de l’Institut 2iE de Ouagadougou qui, à force de réviser leurs cours via leurs ordinateurs portables, ont développé des anomalies aux yeux.

Outre son influence néfaste sur l’acuité visuelle, le support numérique peut également être qualifié d’éphémère. Les données d’un ordinateur étant à tout moment sujettes à des perturbations de système occasionnées dans la plupart du temps par des virus informatiques, la suppression des fichiers digitaux peut donc se produire de façon imminente.

Le livre présente certes des inconvénients tels que l’encombrement, l’exploration peu aisée de son contenu mais il demeure sans aucun doute le support le plus apte à conserver, pérenniser l’information. Et c’est là une raison suffisante pour laquelle jamais on ne le substituera au support numérique.

Lire la suite
10. oct.
2010
Politique
0

Et si nous parlions des sept recettes du pouvoir en Afrique Noire

Après un minutieux examen de la scène politique en Afrique Noire, on arrive à dégager un organigramme simple suivant lequel le pouvoir fonctionne habituellement. Au premier niveau de la chaine, nous avons trois éléments à savoir : servitude, fraude et crime. « Dilapidation ou détournement », « discrimination » et « oisiveté ou obscurantisme » sont trois autres éléments qui constituent son dernier maillon. Enfin, au milieu des deux niveaux précédents, se trouve l’élément-pivot : pérennité.

Le problème majeur de l’Africain réside dans la gestion. Et si cette dernière réussit bien aux Occidentaux, c’est parce qu’ils s’évertuent chaque jour à soigner leurs mentalités. En parlant de soin de mentalités, je fais allusion à la bonne foi, au sens de la vertu et aux valeurs d’intégrité qui sont censés primer au sein d’un gouvernement pendant l’exercice de sa fonction. Le peuple lui a délégué sa souveraineté par l’acte de vote et en retour, attend de lui qu’il l’utilise à bon et scient pour conduire la nation à une meilleure destinée. Par exemple, dans les pays du nord, lorsque les candidats à la présidence de la République présentent leurs plans d’actions aux populations, on a l’impression que ces actions sont déjà entrain d’être vécues car les exposants ne se contentent pas seulement de les énumérer mais ils proposent également des moyens efficaces pour parvenir à leur réalisation. A l’issue de leur élection, les présidents ont alors une volonté débridée pour accomplir leur mission ; ils ont suffisamment de respect et de considération à l’égard de leurs compatriotes pour ne guère se vouer à l’échec. De plus ils sont dotés de loyauté et de grandeur d’âme : ils ne se livrent pas à des bassesses telles que la modification illicite de la constitution ou la quête acharnée d’une nouvelle éligibilité. Au contraire, ils organisent leurs travaux sur la base qu’ils ne disposeront probablement que d’un seul mandat pour produire des résultats. Cependant, en Afrique c’est un autre cas de figure qui est observable. De nos jours, combien d’élus africains se contentent d’exercer leur fonction pendant un mandat? Ils agissent comme si l’accession à un poste politique est synonyme d’une intronisation. Dès lors, la mission première du chef de l’Etat consistera à user de toutes les astuces possibles pour demeurer dans ce fauteuil qui est désormais le sien tant qu’il vivra, et celui de son fils après sa disparition. Or, gérer c’est avant tout faire face à la contrainte du délai. Cette idée démente selon laquelle les gouvernants africains pensent qu’on peut concilier pérennité et gestion dénote encore à quel point les mentalités         africaines sont souffrantes.
Parmi les effets incontestables de la saisie du pouvoir, on peut citer le gaspillage ou la malversation des deniers publics. Le parfait modèle africain doit sa notoriété à la dilapidation  ou au détournement de fonds dont il en est l’auteur. En ceci que dans nos pays, les hauts-fonctionnaires trouvent on ne peut plus normal qu’un de leurs collègues se remplissent les poches avec l’argent du contribuable. Il arrive même qu’ils lui fassent des compliments, lui jettent des fleurs en l’acclamant et l’adulant pour l’ignoble fait d’être accusé de détournement de fonds publics et de leur utilisation à des fins personnelles. Personne ne peut ou ne veut condamner cet acte parce que tous ou presque tous en sont coupables. Le fait que le chef du gouvernement s’est installé à vie dans la prestigieuse demeure que son rang lui a conférée, et qu’il a besoin du soutien massif et inconditionnel de ses collaborateurs pour y être reconduit au terme de chaque élection à venir le contraint à être laxiste vis-à-vis de ceux-ci. Du coup, ils se sentent intouchables et se mettent à faire tout ce qui les passe par la cervelle. C’est une sorte d’alliance dans laquelle chacune des parties tire profit : d’un côté le président est le cerbère du pouvoir, de l’autre, les serviteurs de la République sont exemptés de toute poursuite judiciaire. Dans les cas les plus fréquents, la grande partie de cet argent dérobé dans les ministères ou dans les sociétés publiques sert à alimenter des comptes bancaires privés en Suisse. Une autre partie est investie dans l’immobilier de haut standing. Le reste est conservé dans les domiciles. Très souvent le ministre ou le directeur général invite chez lui ses voisins les plus proches afin qu’ils viennent lui soumettre leurs soucis et ces derniers en sortent avec une mine moins serrée. Quand l’autorité n’exhibe pas lui-même sa fortune déconcertante au public, c’est son fils qui prend la relève dans des boites de nuit où le chalenge qu’il cherche à relever est d’offrir le maximum de bouteilles de champagne à de parfaits inconnus.

La ségrégation est une autre conséquence de l’immortalisation du gouvernement. Lorsqu’on regarde de plus près l’agencement des équipes gouvernementales de nos pays, on s’aperçoit très vite qu’il est ethniquement homogène ; le président veille à ce que ses postes-clés ne reviennent qu’à des personnes de confiance ; ils l’ont pour la plupart fréquenté à un moment donné voire même aidé au cours de leur cursus universitaire et c’est pour lui une modeste façon de les remercier. De plus il faudrait qu’ils puissent s’exprimer dans une même langue quand ils se réuniront pour débattre sur des propositions d’arnaques relatives à un projet en cours de réalisation. Cette discrimination est encore plus explicite lorsqu’on se rend dans un bureau public pour obtenir un service. Ceux qui en bénéficient prioritairement saluent généralement la secrétaire dans un dialecte qui lui est familier. Ils peuvent se mettre à discuter de longues heures dans son bureau sans se soucier de la file d’attente. En outre, lorsqu’il est organisé des concours d’intégration à la fonction publique (ce qui se fait plus souvent à la veille des élections), on remarque en comparant les listes que certains noms d’admis ne figurent pas souvent sur la liste initiale. Aux dernières nouvelles, le ministre se serait excusé d’avoir omis d’inscrire ses fils auprès du superviseur de l’examen et celui-ci aurait simplement substitué leurs noms à ceux de malchanceux lauréats. Par ailleurs, la discrimination émane du fait qu’au sein du gouvernement, il existe des regroupements dont l’appartenance est strictement réservée aux personnalités de choix. Ces derniers parrainent des fonctionnaires ambitieux qui de manière progressive et aux dépens d’un nombre de sacrifices accéderont à leur tour à la grande échelle. Contribuant efficacement à ce que le gouvernement en place dure le plus longtemps possible, ces fervents adhérents jouissent des faveurs particulières de Sa Majesté.

Je ne peux clore mon exposé sur les contrecoups de la pérennisation de nos élus au pouvoir sans parler de leur obscurantisme et de leur oisiveté. Autrefois nous nous battions de toutes nos forces pour être affranchis de l’emprise européenne qui pesait déjà tant sur nous. Nous avons dû fournir des efforts inhumains pour nous instruire et devenir enfin indépendants, responsables et dignes de toutes les qualités que nous disions ne pas observer chez nos maitres. Aujourd’hui, il est aberrant de constater que de hauts cadres reçoivent d’importantes sommes d’argent des Fonds Monétaires Internationaux pour la construction d’infrastructures de communication et qu’au bout du compte le projet de développement ne soit pas viable. On assiste plutôt à des déboires tels que la dégradation de l’ouvrage routier juste quelques mois après son aménagement, la réalisation d’une seule voie parmi les deux que comportait à la base le projet de route ou pire encore la suspension du chantier alors qu’il n’est qu’à mi-finition. Par ailleurs, la grande majorité des villes du sud constituent le portrait couleur de l’indolence de leurs bâtisseurs. En comparant à vue d’œil leur état actuel à leur état des années 80, il ressort qu’elles n’ont presque pas connu de mutations. On se pose alors la question de savoir quel est le bilan des réalisations accomplies par le gouvernement, en place depuis une trentaine d’années. De plus, nombre de fonctionnaires sont réputés pour être des déserteurs de service. Ils arrivent le matin à dix heures et prennent aussitôt leur pause à midi. Certains passent parfois toute l’année à la maison ou dans une occupation autre que celle pour laquelle la paye est déjà garantie. Dans la plupart des administrations publiques, la moindre prestation s’obtient en contrepartie d’une liasse de billets. Par exemple, quand vous désirez légaliser une copie de votre acte de naissance ou établir votre pièce d’identité, le maire n’acceptera d’y laisser son encre que s’il reçoit de son subalterne la confirmation que vous avez gracieusement mis votre main dans votre poche.

Pour davantage expliquer le principe de régulation du pouvoir sur le continent noir, il est nécessaire de présenter les moyens qui procurent à nos gouvernements leur immuabilité. Précédemment, j’ai mentionné à quelle enseigne les Africains ont dû consacrer des efforts pour s’émanciper et devenir, comme ils le désiraient tant, des souverains sur leur propre territoire. Comment pouvons-nous expliquer que la plupart de nos dirigeants actuels se prêtent encore au jeu de la servitude? Tout se passe comme si, après une fructueuse journée de labeur, le pêcheur décidait soudainement de remettre en mer une partie de sa pêche. N’est-ce pas là une preuve irréfutable que l’indépendance à laquelle nous avions triomphalement accédé n’était rien d’autre qu’une mascarade? Dans ces propos, je ne suis pas entrain de sous-entendre que le sang versé par nos leadeurs nationalistes lors du mouvement de libération a été vain; je cherche plutôt, au moyen d’une lanterne, à éclairer les consciences noires sur le fait qu’avoir une mainmise sur les affaires de l’Afrique a toujours constitué l’apanage des Occidentaux. L’argument qu’ils ont souvent avancé pouvait paraitre juste à l’ère de la colonisation, mais aujourd’hui il est hors-contexte car l’Afrique arrive désormais à voler de ses propres ailes. Ce qui est déplorable est que ses leaders préfèrent se faire piloter par les dirigeants des puissances mondiales. On pourrait penser qu’ils y sont contraints, faute de notre dépendance économique et financière vis-à-vis de l’Occident. Cependant, il n’en est rien. La seule explication qui tienne est que nos chefs d’Etats ont tellement de choses à se reprocher qu’ils n’ont pas d’autre option que de voiler les faces des gouvernants du nord en les laissant opérer leurs manœuvres sur le continent. De cette façon, personne n’aura de comptes à rendre à l’autre. Chacun des deux n’aura qu’à se mêler de ses affaires : pendant que le premier sera occupé à modifier la constitution de son pays pour servir ses intérêts personnels, le second s’attèlera à exploiter les minerais de son choix. Et les deux se soutiendront mutuellement dans chacune de leurs fallacieuses entreprises.
De toutes les armes dont se servent nos gouvernants pour conserver leurs postes, la fraude est de loin la plus efficace. Pour être dirigeant dans la société africaine actuelle, il faut être élu au trucage universel. A l’issue de ce dernier, les perdants seront les candidats dont le parti ne se sera pas assez mobilisé pour pratiquer ce que j’appelle la chasse déloyale des électeurs. Cette pratique, quoique décriée par les fauves rivales, est pour ses parrains une véritable aubaine. Elle a très souvent lieu dans les quartiers peu développés ou dans les campagnes. L’activité principale qui y est menée consiste à échanger les promesses de vote respectives d’un chômeur ou d’un villageois contre un billet vert ou une certaine quantité de riz. S’il faillait répartir les torts dans cette affaire, le chômeur et le villageois ne seraient guère à plaindre car leur seul tort a été d’être dans le besoin ; d’une façon ou d’une autre, cet argent allait être dépensé ; n’est-ce donc pas pour ces braves citoyens une manière de contribuer à rendre cette dépense plus utile ? Quant aux promoteurs, ils endossent un plus grand tort, celui de dilapider l’argent des caisses de l’Etat et de duper les foules devant lesquelles ils ont prononcé des allocutions pompeuses. Le pouvoir est de ce fait une terrible drogue en Afrique. La difficulté réside en général dans l’élection ou la nomination d’un tiers à un poste public. Une fois que cela est acquis, le reste de la tâche devient facile. L’un comme l’autre usera de moyens perfides pour conserver coûte que coûte sa place autour de la grande table où a lieu le partage du gâteau présidé par le commandeur en chef lui-même. C’est ainsi que de redoutables fléaux ont vu le jour et se sont propagés à grande échelle sur le continent. On peut citer, entre autres, la corruption sans laquelle nos services publics n’arrivent plus à fonctionner. Du vigile jusqu’à l’officier civil, ses marques sont repérables. Les prestataires ne parvenant plus à dissimuler leurs intentions, ils présentent désormais à qui veut leurs services la gamme des prix qu’ils ont eux-mêmes pris soin d’apprêter. Le client n’est-il pas tenu de payer avant d’être servi ?

Pour clore cette série qui a pour objet d’inventorier les principales aptitudes favorisant l’éternisation de nos élus au pouvoir, j’aborde un point dont j’appréhende d’être la victime. Je veux évoquer ici la cruauté à laquelle nos dirigeants n’hésitent pas à faire recours quand ils pressentent chez un tiers le moindre signe de menace, de préjudice. En effet, mon stylo ne me permettra jamais assez de dénombrer toutes les plumes qui ont été brisées parce qu’elles représentaient valablement les sans voix. Aussi, je me dois de marquer une pause pour rendre hommage à ces grands hommes qui se sont fermement engagés au combat pour la liberté et dont nous ne cesserons jamais d’être fiers. Ce combat nous est d’abord destiné avant de l’être pour les générations futures. C’est une bataille digne de ce nom car elle mène, un peu plus loin, vers le bout de son interminable trajectoire parsemée d’écueils, à un sentiment de libération, de bonheur, aussi fugace puisse-t-il être. Il faut être doté de qualités comme l’intrépidité, la retenue de soi et la patience pour y parvenir. Outre le corps médiatique, ces prédateurs s’en prennent également aux espèces dont ils soupçonnent la plus petite intention de soulèvement. Tel est le cas dans plusieurs régions des confins de l’Afrique Noire où des centaines de corps sont souvent découverts, gisants à même le sol. Ces dépouilles sont celles de peuples qui auraient été décimés pour le fait qu’ils refusaient de se plier au mode de fonctionnement du gouvernement. D’ailleurs, c’est parce que leurs valeureux représentants ont dû entreprendre des manifestations visant à boycotter les institutions que la colère du tout-puissant s’est abattue sur eux. Parmi les crimes orchestrés par les membres du gouvernement, il n’y a pas que des assassinats ou des exterminations, qui sont des crimes contre la société, il y a aussi des crimes contre l’économie et la politique. Premièrement, par crime contre l’économie, je désigne toute action ou indifférence des dirigeants qui a des répercussions considérables sur la santé financière de l’Etat. Par exemple, on a le coût exorbitant des déplacements aussi bien officieux qu’officiels des autorités. Ensuite, j’entends par crime contre la politique toute action des gouvernants qui va à l’encontre des principes de la démocratie. A cet effet, on note la condamnation des opposants politiques à l’exil.

Lire la suite
«
  • 1
  • …
  • 4
  • 5
  • 6
  • 7
Ma mobilité racontée

Auteur·e

L'auteur: Francoperen
Ingénieur de formation, j'ai un fort intérêt pour l'écriture. Les mots sont pour moi tout ce que les chiffres ne peuvent être. Les modeler au quotidien pour raconter des histoires est un besoin pour mon âme. Au-delà des histoires qu'ils servent à raconter, les mots sont mes petites armes pour contribuer à rendre le monde meilleur.

Populaires

A son arrivée
26 novembre 2010
Appel aux élites africaines du savoir
9 décembre 2010
Mondoblog : de la découverte à la sélection
4 mars 2011
Serment de prostituée
2 février 2011
Ouaga by night
28 novembre 2010
Apprendre à faire confiance aux produits africains
21 mars 2011
10 autres manières de vous servir les mots qu’Andriamihaja avait à nous dire
11 décembre 2010
Une virée à Plovdiv
3 novembre 2011
Un portable dernier cri, une meuf garantie !
30 novembre 2010
Histoire du « phone » en milieu scolaire
24 novembre 2010
Mes réalités du monde © 2025
-
BLOG DU RÉSEAU MONDOBLOG
Mentions légales Centre de préférences