Les mots
Les mots sont des représentations, des symboles propres à une communauté. Ils facilitent son expression, son échange, d’où l’interaction entre ses membres. Ainsi les mots constituent un important facteur de communication et d’identité culturelle. Par exemple, on reconnait les origines d’un Africain aux termes qu’il utilise couramment et à sa manière singulière de le faire, son accent. Il revient alors à chaque individu, en fonction de son état d’âme, son tempérament, d’employer tel ou tel signe conformément à un code linguistique existant afin de formuler une pensée, celle des autres ou la sienne, de porter un message déchiffrable. Vue de cet angle, l’utilisation d’un mot est rarement erronée : il peut occuper plus d’une position dans une phrase donnée dont chacune des formulations conserve des termes identiques, son sens quant à lui changera dans chaque cas. Ce qui se passe est qu’au sein de chaque groupe humain, il y a une infinité de mots ; tous possèdent un caractère original; le choix d’un seul parmi des milliers est par conséquent justifiable. L’emploi d’un mot ne relève donc pas du fait du hasard, il découle d’une concertation entre l’être et l’esprit. Et nul n’est apte à l’expliquer, ce que l’on pourrait par contre entreprendre de faire est d’en interpréter l’expression.
Par ailleurs, les mots sont aussi des éléments animés, des pièces, des étapes qui s’imbriquent les unes dans les autres pour constituer un ensemble merveilleux, un puzzle. Il y a comme une force qui guide tout utilisateur désireux de les structurer. Cependant si l’on prend des mots, fait des uns les autres pour sciemment en modifier le fond, l’on finit par créer un chaos à l’intérieur duquel les signes et la pensée s’affrontent et cette dernière risque de sombrer dans le noir, le flou que lui infligera le vaste champ lexical. On se demande alors si les mots ne revêtent pas une espèce de pouvoir spécial, celui de trancher en faveur du bien. Ce que l’on doit comprendre en amont est que les mots ne sont pas des jouets que l’on peut manipuler à des fins égoïstes. Et même si c’était le cas, pour y arriver, il faudrait être à même de les corrompre. Or la vérité finit toujours par murir en ce sens que ce que l’être tente de déformer voire dissimuler, l’esprit s’escrime à en dévoiler les fruits, et ce par la voie des mots, peu importe le temps que cela nécessitera.