Francoperen

Les mots

Les mots sont des représentations, des symboles propres à une communauté. Ils facilitent son expression, son échange, d’où l’interaction entre ses membres. Ainsi les mots constituent un important facteur de communication et d’identité culturelle. Par exemple, on reconnait les origines d’un Africain aux termes qu’il utilise couramment et à sa manière singulière de le faire, son accent. Il revient alors à chaque individu, en fonction de son état d’âme, son tempérament, d’employer tel ou tel signe conformément à un code linguistique existant afin de formuler une pensée, celle des autres ou la sienne, de porter un message déchiffrable. Vue de cet angle, l’utilisation d’un mot est rarement erronée : il peut occuper plus d’une position dans une phrase donnée dont chacune des formulations conserve des termes identiques, son sens quant à lui changera dans chaque cas. Ce qui se passe est qu’au sein de chaque groupe humain, il y a une infinité de mots ; tous possèdent un caractère original; le choix d’un seul parmi des milliers est par conséquent justifiable. L’emploi d’un mot ne relève donc pas du fait du hasard, il découle d’une concertation entre l’être et l’esprit. Et nul n’est apte à l’expliquer, ce que l’on pourrait par contre entreprendre de faire est d’en interpréter l’expression.

Par ailleurs, les mots sont aussi des éléments animés, des pièces, des étapes qui s’imbriquent les unes dans les autres pour constituer un ensemble merveilleux, un puzzle. Il y a comme une force qui guide tout utilisateur désireux de les structurer. Cependant si l’on prend des mots, fait des uns les autres pour sciemment en modifier le fond, l’on finit par créer un chaos à l’intérieur duquel les signes et la pensée s’affrontent et cette dernière risque de sombrer dans le noir, le flou que lui infligera le vaste champ lexical. On se demande alors si les mots ne revêtent pas une espèce de pouvoir spécial, celui de trancher en faveur du bien. Ce que l’on doit comprendre en amont est que les mots ne sont pas des jouets que l’on peut manipuler à des fins égoïstes. Et même si c’était le cas, pour y arriver, il faudrait  être à même de les corrompre. Or la vérité finit toujours par murir en ce sens que ce que l’être tente de déformer voire dissimuler, l’esprit s’escrime à en dévoiler les fruits, et ce par la voie des mots, peu importe le temps que cela nécessitera.


La tentation

La tempête dans la tête

L’averse dans les artères

Les muscles stimulés

L’adrénaline libérée

Le cœur qui tremble

Les membres palpitant

Le cerveau qui murmure

Le répit des poumons

La pensée qui taquine

Le regard aveuglé

L’âme douteuse

La pupille se dilatant

L’onde éclair qui surgit

Le rapt de ce qui reste de l’âme

La tête en tourbillons

Les yeux sourds

Les oreilles insensibles

Le nez aveugle

Toucher l’haleine en goûtant la main

Le souffle à la course


Côte d’ivoire, vache à lait et dame d’échecs pour l’Occident : pas question de laisser Gbagbo ou quiconque la prendre en otage

Cela fait maintenant près de 3 mois que la crise ivoirienne fait la une des débats. Tout le monde en parle. Que ce soit dans la rue, au boulot, à la maison ou à l’école, chaque jour se présente comme une nouvelle occasion pour les populations des quatre coins du globe, désormais enthousiasmées par le dénouement de cette tragédie politique, de décrier ou de défendre tel évènement marquant de la journée. Je ne ferai donc pas ici de retour sur ce qui a été dit ou fait, veuillez m’en excuser. Ce sur quoi je compte par contre m’appesantir c’est le rôle que joue l’Occident dans cette sale affaire. Je ne suis ni partisan de Gbagbo, ni partisan de Ouattara, si vous voulez mon avis par rapport à ces deux là, pas un seul n’a le mérite de diriger quoi que ce soit. Peut-être que leurs arguments ou leurs actes sont d’excellents prétextes pour prétendre être les hommes de la situation. Mais la vérité demeure : ils sont tous très attachés à leur intérêt, un intérêt qui quelques fois prime sur celui du peuple ivoirien.

Comme je le disais tantôt, mon intérêt dans cet article porte sur les enjeux des puissances occidentales dans ce conflit. Si le président Gbagbo est tant controversé par la presse étrangère au profit de son homologue et adversaire c’est que ce qu’il propose pour la Côte d’ivoire « mélange » (comme dirait un authentique Ivoirien) en quelque sorte les intérêts de la France et de ses alliés. Celle-ci a toujours pris part à toutes les importantes décisions scellant le sort des Africains et n’aimerait ni aujourd’hui, ni demain se voir retirer ce privilège.

Un pôle économique incontournable en Afrique

Porte d’entrée et de sortie en zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine), la Côte d’ivoire abrite l’un des ports les plus importants d’Afrique, tant par son flux d’échanges commerciaux à l’intérieur du pays comme dans la sous région, que par sa position géographique stratégique. Par exemple, la quasi-totalité des marchandises qu’on retrouve sur le marché au Burkina Faso transitent par le port d’Abidjan. Ce dernier est un véritable moteur économique pour les exportations que la France peut opérer, pas seulement vers le pays mais aussi vers toutes les destinations environnantes (qui ne jouissent pas toujours d’une ouverture sur la mer). En outre, l’Europe importe de la Côte d’ivoire ses légendaires cultures de rente que sont le cacao et le café. Il n’existe pas d’autre manière de sortir indemne de ce type de business qu’influer en permanence sur les cours. Et pour contrôler efficacement le coût des produits, il faut que le client dispose d’un moyen de pression sur le vendeur. Imaginez un peu ce que, pour les Français, pourrait signifier perdre d’un seul coup autant d’atouts.

Une coopération précieuse aux yeux des Occidentaux

L’histoire qui lie la Côte d’ivoire et la France ne date pas d’aujourd’hui, c’est une vieille épopée. S’il y ait une colonie de l’AOF (Afrique Occidentale Française) qui puisse s’attribuer le mérite d’avoir contribué de manière considérable à faire de la France ce qu’elle est à l’heure où je vous parle, c’est bien le pays d’Houphouët BOIGNY. Les relations diplomatiques entre les deux Etats étaient assez stables avant qu’un nègre audacieux ne décide un jour de « faire chier » son ancêtre gaulois. Et depuis la coopération va de mal en pire, on dirait que personne ne veut plus servir l’intérêt de l’autre. C’est ainsi qu’on a assisté à la coupe des vivres aussi bien dans un sens que dans l’autre : les entreprises françaises ne détiennent plus le monopole des marchés publics en Côte d’ivoire tandis que celle-ci subit la satire des médias internationaux et les pressions politiques qui vont avec. Par ailleurs, n’oublions pas que, pour la France, garder une mainmise sur cette plaque tournante d’Afrique de l’Ouest est primordial dans la mesure où cela lui permet de conserver son leadership dans toute la zone.


Points faibles du système éducatif en Afrique francophone

S’il fallait élaborer une liste d’éléments à améliorer dans nos instituts d’enseignement, je suggérerais par ordre de priorité décroissant : l’expression orale en public, la rédaction des documents et l’initiation à la pratique. L’expression orale en premier dans la mesure où la grande majorité des étudiants ou élèves éprouvent une réelle difficulté à prendre la parole devant la foule. Pourtant l’aptitude des jeunes apprenants à s’exprimer librement en public passe par une initiation aux exposés et à tout type d’exercices oraux. C’est de cette façon que tel étudiant ou tel élève apprend facilement, et ce dès les classes du primaire, à tenir un discours devant un public. Cela ne sert à rien de former des têtes qui ne pourront communiquer dans leur emploi futur que via le papier. Sachant bien que le monde de l’entreprise aujourd’hui est caractérisé par les échanges verbaux, l’écoute, le travail en équipe, ce serait tout à fait inconcevable.

Ensuite, la rédaction des documents car l’élève comme l’étudiant néglige les disciplines littéraires. Du cours d’Anglais au cours de Français en passant par celui d’Histoire-Géographie, la classe se vide d’environ 50% de ses élèves. Ce phénomène est encore plus fréquent dans les classes scientifiques : quand vous prenez les relevés de notes des candidats au baccalauréat pour les séries C, D ou S, vous vous rendez compte que 2 élèves sur 10 arrivent à décrocher une moyenne en Langue française ou en Anglais ; la plupart d’entre eux se battent pour ne pas avoir une note éliminatoire. Les conséquences de ces manquements sont observables plus loin, à l’université où bon nombre d’étudiants n’ont pas la méthodologie correcte pour rédiger leurs documents (devoir de groupe, copie d’examen, mémoire de fin d’étude). Par exemple, quand vous parcourez du regard les rapports de stage de certains étudiants de l’institut 2iE de Ouaga, vous vous demandez s’ils ont fait des études secondaires. Tellement les lignes contiennent des fautes de langue que pour toutes les marquer de rouge, il faudrait colorier la page entière. Et quand vous approchez les concernés pour les aider à corriger leurs erreurs, ils vous débitent : « le plus important c’est qu’on puisse comprendre ce que j’ai voulu dire ».

Enfin, la pratique parce que nos établissements scolaires ne disposent pas toujours des équipements et des matériels qui permettent aux enseignés de mener à bien les expériences et les manipulations pratiques sous la direction de leurs encadreurs. Très souvent ce sont les lycées ou instituts publics qui sont équipés de pareils outils, mais là encore il faut faire face au problème des effectifs pléthoriques. Généralement, tous les élèves n’ont pas la chance d’être programmés aux séances de TP. Les responsables s’arrangent à ce que quelques groupes d’élèves passent et les autres se contentent de recueillir de ceux-ci des informations, des descriptions sur la procédure. Comment peut-on concevoir, par exemple, que des étudiants du supérieur ne sachent pas se servir du logiciel Word ? C’est pitoyable mais c’est cela même le quotidien des apprenants dans les pays du sud.


Au Faso, on travaille, on prend de la peine mais ce sont les fonds qui manquent le plus

L’initiative de rédiger ce billet nait de ma profonde indignation à l’issue d’un débat houleux qui m’a récemment opposé à quelques amis burkinabés. Tout part d’une critique émise par ceux-ci à l’encontre des gardiens de nuit (qui touchent en moyenne 25 000 FCFA par mois) qui, apparemment passent la majeure partie de la nuit à rêver plutôt que de veiller sur leurs employeurs et les biens de ces derniers. Autre chose avant d’entrer dans le but du sujet : j’ose espérer que Mr Jean de La Fontaine ne se retournera pas dans sa tombe pour me reprocher d’avoir transformé sa célèbre citation tant dans la sémantique que dans la syntaxe.

Au Burkina Faso, le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (S.M.I.G) pour les travailleurs, à l’exception des employés agricoles et des personnes liées à leur employeur par un contrat d’apprentissage est fixé à 32 218 FCFA. Cela suppose que l’ouvrier burkinabé actif bosse pendant environ 6 heures de temps chacun des 30 jours du mois pour obtenir exactement une prime de 1 074 FCFA au terme d’une journée de labeur. Faites vous-même le calcul et vous verrez à quel point ces chiffres sont insignifiants en termes d’argent. Aussi, il faut noter que très peu d’employés connaissent leur droit en matière de contrat de travail. Le plus souvent quand il vienne chercher du travail, ils se mettent dans la position la plus défavorable qui soit, ce qui du coup transfert tout le pouvoir de décision à leur futur patron. C’est le cas de certaines femmes de ménage qui sont embauchées dans des agences de nettoyage à Ouaga et qui reçoivent un salaire de 10 000 FCFA chaque fin du mois. Pourtant elles arrivent tous les jours à partir de 5 heures du matin dans les locaux des entreprises ou instituts où elles sont affectées pour blanchir les toilettes et d’autres surfaces. N’est-ce pas là une forme d’exploitation de l’homme par son semblable?

Je reviens donc sur la discussion que j’ai eue avec mes frères africains. Ceux-ci soutiennent que le salaire d’un employé doit être fonction des efforts qu’il fournit et de la situation exceptionnelle que vit son employeur. Je m’explique. Le salaire est fonction des efforts dans la mesure où, pour rémunérer un individu, on évalue la quantité de travail qu’il a produit. Et il est fonction de la situation vécue par son employeur lorsque ce dernier justifie, par exemple, le salaire dérisoire qu’il paye à sa bonne par l’argument du salarié qui vient à peine d’intégrer la vie active. Je suis tout à fait d’accord avec la première vision mais quant à la seconde, elle m’écœure. Je vais vous dire le pourquoi : non seulement en procédant ainsi on ne reconnait pas la valeur humaine et n’oublions pas que, quand bien même la situation du patron serait favorable (cadre qui gagne bien sa vie), il ne ferait pas d’effort à son tour dans le sens avantageant sa ménagère. Et bien tout ceci n’est pas juste. D’ailleurs je n’ai pas hésité à le leur répéter en m’appuyant sur quelques faits prépondérants de la société. Aujourd’hui, si on intègre de plus en plus la politique RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale) dans les entreprises, c’est parce qu’il est temps de changer cette mentalité chez les hommes.

Cela consiste, en partie, pour les boss à mettre en place des mesures qui permettront à leurs employés d’être dans des conditions favorables pour produire un bon rendement. En ce sens que si vous avez à votre disposition quelqu’un qui vous offre ses services, et peu importe le type de services, vous devez contribuer à ce qu’il soit épanoui quand il le fait. Je connais au moins une famille où lorsque vous arrivez chez eux, vous ne vous rendez même pas compte qu’ils hébergent une bonne. Celle-ci est certes là pour s’assurer que le bébé ne manque de rien, mais la façon dont on la traite à la maison lui fait oublier qu’elle est employée. De cette façon, elle est plus motivée dans son travail. Et je peux vous affirmer avec certitude qu’aussi minable que puisse être sa rémunération, elle ne boudera pas ses patrons car ils sont devenus pour elle des parents. Cependant si les gens sont parfois strictes et inhumains envers leurs employés c’est parce qu’il y a bien eu des exemples moins édifiants par le passé. Des gens bien ont eu à accorder leur confiance et leur estime à leur chauffeur, leur gardien ou leur boy, et en guise de remerciement ceux-ci leur ont dérobé des objets précieux ou d’importantes sommes d’argent avant de s’enfuir. L’Africain n’est pas reconnaissant parfois, c’est là où le bât blesse.


Serment de prostituée

Il y a deux jours de cela, en revenant d’une balade nocturne, je me suis arrêté devant deux prostituées. Rassurez-vous j’étais lucide, j’avais toute ma tête et mes idées intactes. Avec le froid qui me pénétrait de partout et cette envie presque obsessionnelle de regagner mon lit, à l’abri de l’angoisse vespérale, j’ai hésité un moment avant de finalement m’aventurer. Voici une liste de conseils à suivre pour éviter l’échec lorsqu’on se lance dans une pareille initiative: ne pas sourire en arrivant, regarder droit dans leurs yeux, ne pas baisser son regard, jouer leur jeu, débattre comme un client intéressé. Aussitôt, l’une d’elles et moi avons tenté de nous mettre d’accord. Elle me demandait de proposer mon prix tandis que je cherchais vainement à lui faire comprendre que je n’avais pas assez d’argent dans mes poches et qu’elle rendrait une énorme faveur à un étudiant comme moi en ne lui facturant pas ses services. C’est alors qu’on engage une longue conversation qui finit par me captiver.

Dis-moi, tu résides dans les parages ?

Non, j’habite loin d’ici. Je suis vers Kilwin, le quartier juste après Tampuy.

Celle que tu remorques, c’est ta sœur ?

C’est ma « potesse ». Elle et moi, on se cherche, on fait du business.

Tu dis quoi finalement par rapport à ma proposition?

Mon ami, excuse-moi, je ne suis pas sortie dans ce froid de congélateur pour venir offrir mes fesses cadeau aux gens dans la rue. Tu vas me donner combien? Dis toujours. Quand je te vois, je sens que tu es « choco ». Faut pas gâter ton nom dèh !

Ma sœur, faut pas tu vas me laisser partir dormir comme ça, faut faire pardon s’il te plait. Ce soir j’ai pas d’argent mais dans peu de temps seulement mes parents vont me faire un « western ».

Toi tu es bien hein ! Un gros papa comme toi-là tu attends encore tout de tes parents. Faut te lever toi aussi pour bosser et gagner des sous.

Pourquoi tu dis ça ?

Tel que tu me vois là aujourd’hui, je suis indépendante. J’ai très vite appris à me prendre en charge. Je ne me rappelle pas de la dernière fois que j’ai reçu quelque chose des parents. Et même ils ne pouvaient pas toujours tout me donner. J’avais donc un copain qui faisait le reste. Ceci a fait que je prenne goût très tôt à la vie de dehors et c’est comme ça que les hommes m’ont trompée.

Donc tu ne peux pas me faire cette faveur pour une fois ? Viens avec moi et tu ne regretteras pas.

Tséh ! Les hommes, vous là quoi. Aujourd’hui là moi je ne peux plus rien traiter avec un homme, si ce n’est pas lui vendre mes fesses. Dans Ouaga ici, il n’y a pas l’homme. Peut-être que dans ton pays ça y est là, mais je n’en suis pas si sûr. D’ailleurs tu es d’où ?

Je suis Camerounais et toi ?

Moi non. Je suis Bobolaise. Je suis venue à Ouaga ça fait déjà presque 5 ans. Je suis là pour faire des affaires.

Tu ne penses pas retourner à Bobo un beau jour pour te marier ?

Pô pô pô … ! Marier ! Qui ? Moi. Tu sais, j’ai connu plein plein plein … d’hommes dans ma vie. Si en 24 ans j’ai pas pu gagner mari, ce n’est pas maintenant qu’il va tomber du ciel. Si un monsieur vient vers moi qu’il va m’épouser, je fuis en abandonnant ma moto, je te jure. Moi, je sais que si une fille connait 1, 2, 3, jusqu’à 4 déceptions amoureuses, pour elle est fini comme ça. Elle ne peut plus avoir de chance en amour. Et même, quand on sort avec vous les hommes de nos jours, vous nous utiliser seulement. Vous nous baisez baisez baisez … jusqu’à gâter nos fesses et vous ne nous donnez rien. Voilà pourquoi je préfère encore donner ça à un inconnu contre 5 000 ou 10 000 FCFA. Au moins, je ne me casse pas la tête à demander quoi que ce soit à quelqu’un. Si j’ai besoin de me coiffer, je sors mon propre argent et je paye.

Pour couper court je lui demande de me passer son contact afin de pouvoir l’appeler dès que j’aurais suffisamment d’argent. Elle me le donne volontiers et je reprends aussitôt ma route après leur avoir souhaité un bon marché.


Feuilleton des réseaux sociaux en Afrique noire

Comme partout ailleurs dans le monde, les grandes métropoles africaines se sont mises en mode réseau social. Toutefois avant d’aborder le sujet relatif au web social proprement dit, il faut rappeler que l’internet n’est pas un phénomène aussi répandu en Afrique que dans les cités occidentales. Au Cameroun, si l’on exclut le cas des grandes sociétés, c’est par les cybercafés que les populations y ont facilement accès. Ce sont des espaces dont l’atmosphère est généralement confinée. Les ordinateurs vétustes sont disposés côte à côte, très souvent sans aucune cloison, ce qui prive les utilisateurs de l’intimité escomptée. Moyennant la somme de 300 FCFA, on peut surfer une heure durant. Quelques rares ménages peuvent s’offrir une connexion internet privée. Avec l’arrivée du distributeur d’internet haut-débit Ringo et le succès honoré de son produit my Quat, les étudiants peuvent désormais se connecter 24 heures sur 24, envoyer des SMS gratuits, tout ceci contre le paiement d’un montant fixe de 15 000 FCFA et l’achat régulier d’une carte de recharge entre 1 000 et 25 000 FCFA. Par ailleurs, les entreprises de téléphonie mobile s’activent de plus en plus à prester dans ce sens en mettant à la disposition de leurs abonnés des clefs de connexion. Il y a, par exemple, Orange qui le fait. Mais le problème demeure le même : le débit de connexion offert ne permet pas toujours de naviguer de manière continue et efficace sur le réseau.

Parmi les réseaux sociaux les plus actifs au pays des grandes ambitions, on compte surtout Facebook et Hi5. C’est d’abord grâce au second que fut découverte cette nouvelle ambiance dynamique du réseautage social. A l’époque, jeune et adulte l’utilisaient surtout pour se faire des amis, se faire connaitre du public notamment en partageant leurs photos, des informations sur leur vie, leurs habitudes, etc. Aujourd’hui, presque tous les internautes optent pour le premier. Facebook est au cœur de la vie aussi bien pour les instituts d’enseignement que pour les entreprises ou les ménages. Avec ses multiples options dont la messagerie instantanée, il est venu combler les insuffisances de Hi5. Dorénavant, grâce à ce web social au caractère original, les personnes que l’on rencontre peuvent passer du virtuel au réel. Il suffit juste d’un clic et le tour est joué. Les jeunes filles en savent quelque chose car recevant dans la majeure partie du temps les avances de visiteurs inconnus. Facebook c’est aussi un moyen de célébrer des retrouvailles entre amis perdus de vue.

Pour terminer en beauté, je vous raconte l’expérience ô combien vibrante des étudiants de l’Institut 2iE à Ouaga. Une fois de plus, c’est en terre des hommes intègres qu’a lieu ce fatidique forum de nationalités, à la fois symbole d’unité et de progrès pour le continent. Dans cet univers de futurs cadres tous liés par le même métier, l’intégration se fait de manière systématique. D’un simple geste courtois,  serviteur, les étudiants arrivent à tisser de solides rapports entre eux. Imprégnés de toute cette sympathie, de toute cette chaleur, ils n’hésitent pas à se confier les uns aux autres. C’est ainsi qu’à la pause comme aux heures de cours, on ne résiste pas aux commentaires d’une photo récemment marquée ou à un thème de discussion donné. Il suffit de faire un tour à l’amphithéâtre et de jeter un coup d’œil sur les écrans d’ordinateurs : s’il y a une page web active, je parie mon blog que c’est celle de Facebook. On se lève le matin de Facebook et on se couche la nuit sur Facebook. Et puisqu’on partage les mêmes dortoirs dans le campus, certains ont trouvé à cet outil indispensable une nouvelle application : passer leurs commandes de crédit de communication, de yaourt ou de bissap 1 auprès des étudiants qui en offrent les prestations commerciales. Dès que votre message parvient à ceux-ci,  il ne vous reste plus qu’à patienter 5 minutes et le produit est aussitôt livré.

1 Jus d’oseille


Intérêt, infidélité ou tout ce qui répugne quand on pense au mariage

Je n’ai pas d’expérience personnelle véritable en matière de vie en couple. Mais ce que j’apprends ou découvre à travers les histoires qui marquent le quotidien de mon entourage m’exhorte à réfléchir sur la question du mariage. Et plus j’y pense, plus je me rends compte à quel point il est difficile aujourd’hui de se lier à une personne, de construire avec elle une relation sérieuse. Je vous convie, chers amis mondoblogueurs, sous la base de ces quelques ingrédients, à méditer vous aussi sur cette préoccupation (car elle nous concerne tous) et faire part de vos éventuelles positions. Le forum est ainsi ouvert !

Dans cette débâcle du mariage, les torts sont partagés entre les hommes infidèles d’une part, et les femmes intéressées d’autre part. Je vais vous raconter l’histoire de l’infidélité et de l’intérêt, ces deux éléments liés entre eux. Au commencement était l’intérêt. Chaque homme est doté de quelque intérêt que ce soit. Il n’existe pas de personne sur cette terre qui soit complètement désintéressée. Tout ce que l’on fait dans la vie c’est pour arriver à un objectif, même si bien souvent celui-ci se dessine en filigrane. Un jour, à force d’avoir marre de se dissimuler, l’intérêt a orchestré une rébellion, il s’est débarrassé de tous ses déguisements et a pris d’assaut la mentalité de l’homme. Désormais il pouvait se montrer, s’exposer aux regards du monde sans la moindre honte ou crainte. C’est alors qu’entre en scène un redoutable rival, l’infidélité. Ayant remarqué que l’intérêt avait une préférence pour les femmes, il s’est emparé de ce qui restait de la société, la gente masculine. Depuis lors des batailles, des défis et des coups bas ne cessent d’opposer l’intérêt féminin et l’infidélité masculine. La situation a perduré jusqu’au jour où les deux ont trouvé un compromis. Dorénavant chacun devra rendre compte à l’autre : le salaire de l’intérêt de la femme c’est l’infidélité de l’homme et vice versa.

Comment intérêt et infidélité sont-ils parvenus à enlever le goût du mariage aux gens ? « Tous les hommes sont des menteurs », disent la plupart des femmes de nos jours. Pour tout avouer, ce n’est certes pas facile, mais ayons un peu de dignité en tant qu’hommes et reconnaissons que ces propos de femmes désespérées ont une part de vérité. En effet, l’homme se plait chaque jour de l’année à faire la cour à la femme qui se présente à lui comme étant désirable. Que ce soit au bureau, dans la rue ou à l’épicerie, il exploite tous ses atouts pour séduire celle-ci. Souvent il le fait juste pour s’amuser, tester ses talents de mâle. Cependant, la femme n’est insensible à aucune flatterie masculine et la tentation ne connait aucune limite chez l’homme. Elle se jette alors sans réfléchir dans les bras du premier don Juan, surtout si elle pressent sa fortune, principal indicateur de sécurité. Comme il n’y a pas de prédateur qui soit de prime abord réticent à l’idée d’achever sa proie, l’homme lui contera tout ce qu’elle veut entendre, l’invitera dans des restaurants classes et lui offrira même des présents de valeur à condition qu’il atteigne son but instinctif : coucher avec elle. Ainsi lorsque cette dame osera plus tard déclarer au monsieur qu’il est menteur, ce dernier lui rétorquera qu’ « un menteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ». Eh oui ! Les femmes sont championnes pour se voiler la face ; elles ont parfois de la peine à accepter l’évidence en amour. Si l’idée de se marier devient de plus en plus inquiétante, c’est que l’homme et la femme se jouent l’un de l’autre. D’un côté, la femme pense qu’elle nargue ses multiples prétendants en leur soutirant leur argent ou tout ce qui est matériel et de l’autre, l’homme croit profiter du potentiel sexuel de ces conquêtes. La vérité c’est que chacun d’eux craint tellement d’être dupé par l’autre, qu’il préfère ne pas s’ouvrir à lui ; il y a donc manque de confiance en soi-même et en l’autre. Même quand un couple s’engage dans une relation prometteuse, ses membres sont méfiants. L’homme s’assure par des enquêtes, que le passé de sa future épouse est limpide et la femme n’hésite pas à s’intéresser à la qualité de l’emploi de son futur mari. Bref, personne n’aimerait épouser la « mauvaise personne ».

Voici un cas réel pour illustrer l’angle que j’ai choisi de présenter précédemment. Une amie s’est confiée récemment à moi en me rapportant les détails de la relation tragique qu’elle a vécue avec un homme marié. Quand ils se sont connus, ce dernier s’est réservé de lui parler de sa situation sociale. Elle lui a fait confiance. Régulièrement, ils faisaient des voyages ensemble dans les métropoles environnantes. Evidemment, l’alibi du monsieur auprès de son ménage était la mission de travail. L’imposture a duré plus de 6 mois avant que l’innocente demoiselle ne découvre qu’elle était devenue « voleuse d’époux ». Immergée corps et âme dans la liaison, elle n’a pas pu reculer à ce stade. Elle avait beau boudé le bourreau des cœurs par moment mais celui-ci, pour calmer le jeu, lui jurait de quitter sa femme dès qu’il aurait eu l’occasion. Et puis il y a eu le problème de scolarité : la jeune étudiante devait reprendre les cours à l’université et elle en avait informé son homme. Ce dernier lui a promis de tout prendre en charge. Chose curieuse, le jour venu, lorsqu’elle le lui a rappelé, il s’est énervé sur le coup, lui a précisé qu’il n’était pas son père et de surcroit, a coupé tout contact avec elle. Les jours suivants, les SMS de la fille sont restés sans réponse. Quand celle-ci ne pouvait plus supporter de ne pas voir son futur époux, elle lui a téléphoné et c’est alors qu’il lui a fait ces déclarations très amères : « Je ne suis pas de ta catégorie, nous ne pouvons plus marcher ensemble, fais une croix sur moi, j’ai trouvé une nouvelle copine qui me vaut et qui fera désormais mon bonheur, adieu ! ».

Je me ferai une joie de partager la suite de cette histoire dans une prochaine séquence, si toutefois vous en témoignez l’utilité par vos réactions ou contributions massives.

 


Cameroun : nation à part entière ou nation entièrement à part ?

Dans mon récent article sur la fuite des cerveaux, je présentais le continent noir comme un gisement de matière grise. Cette fois-ci je compte m’attarder sur un peuple, en particulier, qui fait parler de lui un peu partout sur le globe terrestre. Croyez-moi, il mérite d’être connu et érigé à un rang exceptionnel. D’ailleurs, j’anticipe pour lui décerner la palme d’or de « nation africaine la plus spéciale » car convaincu que si l’on constituait un jury pour procéder à une pareille nomination, le verdict serait sans aucun doute le même.

La diaspora africaine regroupe différentes nationalités. Parmi celles-ci, il y a quelques unes qui se démarquent par leur ardeur au travail et leur réussite imposante. Il s’agit entre autres du Sénégal, du Nigéria, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Cameroun. Quand un Européen ou un Américain vous parle de l’Afrique en des termes élogieux, c’est à coup sûr sur l’exemple de l’une de ces nations qu’il s’appuie. Prenons, par exemple, le Sénégal, il est reconnu en France pour sa forte implication dans l’enseignement supérieur, notamment avec son grand nombre de professeurs et de docteurs d’université. Bref tous les pays cités précédemment ont une forte cote à l’étranger, mais s’il y a un d’entre eux qui soit arrivé à jouir d’une révérence tout à fait particulière au contact des autres peuples, c’est bien le Cameroun.

Animés par un esprit combatif très poussé, les Camerounais savent relever tout genre de défi. On emploie généralement le slogan « impossible n’est pas camerounais » pour souligner leur détermination à balayer tous les obstacles sur leur route. Pour que vous en ayez l’intime conviction, je vous invite à réaliser une petite étude qui va consister à observer tous les domaines-clés de ce monde (économie, instruction, santé, politique, management, médias) et de constater s’il y a ou pas un Camerounais impliqué, et ce à l’échelon international. La réponse certaine est oui ! Dans la plupart des cas, en Europe ou aux Etats-Unis, les Camerounais font partie des rares nationalités étrangères auxquelles sont confiés la gestion des laboratoires, des grandes boites, le pilotage des projets de développement ou de recherche et même des responsabilités politiques. Les statistiques parlent d’elles-mêmes, le taux d’alphabétisation entre 2003 et 2008 était de 68%. Au Cameroun, on chôme même avec un diplôme. La population instruite s’étant rendu compte de cette réalité sociale, elle cherche plutôt à se démerder avec des occupations du secteur informel. Vous trouverez, par exemple, des chauffeurs de ben skin1 qui ont une Licence en droit ou en sciences économiques.

Il n’y a pas de pays sur terre qu’un Camerounais n’ait pas encore visité ou mieux, conquis. La situation est telle que les autres nationalités africaines de la diaspora qualifient les ressortissants du pays de Manu Dibango de « peuple sans identité » tandis qu’eux-mêmes se surnomment « les Chinois d’Afrique ». Figurez-vous que même en Russie où le climat est rude et l’insertion peu aisée, il y a une communauté camerounaise installée. Ce qui fait également la force de l’homme camerounais c’est sa capacité de persuasion. Il arrive à gagner la confiance et l’estime de n’importe quel personnage de son environnement. Certains Camerounais, de mauvaise foi, utilisent ces qualités pour duper les gens, leur soutirer leur argent ou leur bien. C’est pourquoi dans bien des circonstances, on se méfie d’eux, on les craint. Il existe même une faction de la diaspora camerounaise qui se fait appelée « feymen». Il s’agit d’un groupe d’individus très mobiles et machiavéliques qui vivent au moyen de l’arnaque.

En résumé, le Camerounais est audacieux, ambitieux et par-dessus tout original et persévérant dans tout ce qu’il entreprend. Comme l’affirmait ma compatriote Stéphanie Mbida, jeune étudiante surdouée résidant aux Etats-Unis, lors d’une interview assez récente : «  Les Camerounais ne sont pas pleinement conscients des atouts considérables qu’ils possèdent et de toutes les grandes choses qu’ils peuvent réaliser avec les ressources qu’ils ont à leur disposition ». J’aimerais renchérir en citant la lourdeur du système comme l’origine majeure du retard que notre brave nation accuse depuis des décennies. Une fois de plus, c’est la mentalité des gouvernants qu’il faut mettre en cause. Aujourd’hui, on compte des bouts des doigts les étudiants camerounais de l’étranger qui bénéficient d’une aide financière allouée par leur Etat. Quand bien même vous seriez boursier de l’Etat camerounais, vous subiriez des traitements que même un enfant déshérité n’aurait aimé subir en contrepartie d’une prise en charge. A ce propos, les étudiants de la Fondation 2iE de Ouagadougou sont mieux placés pour vous fournir d’amples détails. J’éviterai ici d’aborder le sujet de la gestion des programmes de bourses octroyées par des gouvernements amis ou des ONG car il nécessite qu’on lui consacre tout un autre chapitre.

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Philosophons un peu sur la religion

Merci Seigneur tout d’abord de m’accorder le souffle nécessaire pour aborder ce chapitre qui est à mon sens sacré. J’ai dû écourter mon sommeil cette nuit pour méditer, méditer une fois de plus et de façon plus déterminée (en transcrivant toutes mes idées sous forme d’écrits) sur une question essentielle de notre vie, de la vie de tout chrétien, de la vie de tout païen, qui ne cesse depuis toujours d’occuper mon esprit. Ceci est donc un message destiné à éveiller les consciences sur la place réelle de la religion dans leur existence.

Rassurez-vous, le prophète et moi n’avons rien de commun. Je n’ai pas de révélation divine à vous faire, ni d’évangile à vous communiquer. Par conséquent, je vous prie de bien vouloir considérer que je vous parle en tant que ami ou frère. Au passage, il est bon de mentionner que je suis moi-même catholique et baptisé. La religion ! Pour moi c’est un concept des hommes. Elle n’est pas mauvaise car elle suit un grand nombre des principes de l’église romaine. Je pense que c’est un moyen efficace que les ecclésiastiques exploitent pour mieux conduire la mission divine à laquelle ils sont conviés. Par la voie de la religion et des cultes ou rites qui y sont opérés, le prête ou le pasteur est sûr et certain d’attirer le maximum de foules à l’église, de mieux les contrôler et de propager la bonne nouvelle dans les conditions les plus favorables. On pourrait comparer ceci au cas du berger qui, pour mieux faire paitre son troupeau, doit mettre en place les meilleures stratégies de pâturage (zone, qualité de l’herbe, saison).

Je ne suis pas entrain de dénigrer la religion, encore moins inciter certains de mes lecteurs à ne plus la pratiquer. J’en appelle tout simplement à leur bon sens, leur esprit critique afin qu’ils sachent discerner les choses à l’avenir. Les gens ont cette tendance erronée à vouloir prendre la religion comme un œuf, la placer au centre de tout et imposer aux autres (leur entourage le plus proche) l’idée qu’elle délivre, qu’elle sauve. Moi je dis non et j’ai mes raisons ! Ce que le Seigneur attend de nous, ses enfants qu’il aime, chérit et bénit de la même fréquence, c’est que la lumière de notre foi soit toujours plus montante et vive. En ce sens que nos actes quotidiens, notre comportement avec le prochain doivent refléter notre croyance au Tout-Puissant. Ce dernier doit être pour nous le chemin, la vérité et la vie. Et la bêtise qu’on commet en considérant la religion comme la clé de la foi c’est d’être des détracteurs pour les autres religions (s’il ne faut prendre en compte que celles révélées). Pourtant qu’on soit catholique, protestant, pentecôtiste, musulman ou juif, l’Etre suprême ne change pas de couleur. Il est le même. Tellement la religion sème le flou dans nos esprits, qu’on se met à haïr nos frères (pour évoquer ici l’éternel conflit entre l’Israël et la Palestine). Dieu est unique et universel, la religion est propre à chaque culture, à chaque peuple et ne constitue qu’un tremplin pour attiser le rapport entre l’homme et le sacré.